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Chroniques / 23.06.2023

Nat Myers, Yellow Peril

En voilà un autre à mettre dans la catégorie des jeunes gens obsédés par le country blues d’avant-guerre, et qui pratiquent cet art avec style, conviction et originalité. Tout est enregistré dans la villa de Dan ­Auerbach, ce dernier tenant la contrebasse sur certains titres. Mais la plupart du temps, le bluesman est seul avec sa guitare. Tant mieux, c’est là que Nat Myers impressionne le plus. 

Les mélodies ne sont pas originales, reprenant des thèmes classiques du genre qui reflètent bien sa diversité. On pense à Charley Patton, au premier Muddy Waters. Globalement le style fait la part belle aux blues aux tempos souvent rapides et joyeux qui évoquent les Mississippi Sheiks. L’album se referme sur un Pray for rain joué en groupe, qui fait un peu penser au Cocaine habit du Memphis Jug Band et qui montre Myers dans un registre plus folk country.

Les paroles, elles, oscillent entre reprise de motifs antiques et l’exploration de thématiques plus neuves comme dans Yellow peril. Son fingerpicking est baveux, mais particulièrement habile. Son jeu de guitare offre un écrin parfait à un chant qui frappe par sa sincérité. Le picking est à la fois constant et capable de s’effacer pour laisser de la place à la voix. Parfois Myers chausse le bottleneck, qu’il sait utiliser avec compétence, mais sans faire d’étincelles. Tout cela donne une impression de cohérence, d’une expression unifiée. 

La magie du country blues agit et on se pose la question qui émerge systématiquement quand on tombe sur un cador du genre : comment un homme peut parvenir à produire autant de musique tout seul, autant d’émotion avec si peu de moyens ?

Benoit Gautier

Note : ★★★★½ (+ scoop)
Label : Easy Eye Sound
Sortie : 23 juin 2023

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