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Live reports / 14.10.2015

Mr. SIPP + DEXTER ALLEN

Quelle affiche ! Tourneur-organisateur reconnu au Bénélux et rédac’ chef du magazine flamand Back To The Roots, Franky Bruneel nous a dopés au Mississippi blues contemporain avec deux bluesmen issus de la scène de Jackson et qui ont servi sous Bobby Rush : Dexter Allen et Mr. Sipp (Castro Coleman), accompagnés par leur propre trio (basse, batterie, claviers). Difficile d’être difficile devant de tels talents qui creusent encore plus l’écart entre notre perception de cette culture et ce qui branche des Afro-Américains actuels.

Dexter Allen ouvre : le choc est immédiat ! Sa section rythmique est superbe grâce à une étonnante batteure de 28 ans (Cherita Brent) que l’église, maman et l’armée ont formée. Elle met l’accent sur sa caisse claire, jouée comme un tambour, libérant ainsi un ample espace pour le bassiste à cinq cordes (quelle inventivité !) sur fond de clavier Roland à la Ray Manzarek. Sur cette flexibilité, notre soliste va se déployer, nuancer, tendre ou relâcher son intensité, souligner un phrasé de prédicateur. Un régal, à la fois dynamique et de terroir.

 


Dexter Allen

 


Mr. Sipp

 

Inversément, Mr. Sipp, tout en souplesse dansante (y compris le duck walk de Chuck Berry) charge à fond, sans répit, et carbure au B.B.King/Albert King haut de gamme. Il reprend Thrill is gone avec la fraîcheur d’une première interprétation. Chapeau ! Sa section rythmique est hyper compacte mais le claviériste semble distant et davantage préoccupé par l’écran de son ordinateur. Le volume résonne par trop dans la petite salle. Nombreux extraits du nouveau CD sur Malaco. Les solos s’enchaînent sans redites, même quand il s’élance dans la salle : une mamie aux cheveux argentés reçoit longuement son aubade… À nouveau, les vocaux façon temple baptiste opèrent leurs charmes. Leur duo final sur Rock me baby est un véritable échange-duel dansant entre les deux compères. La messe est dite !

André Hobus
Photos © André et Liliane Hobus

 


Mr. Sipp