Charley Crockett & The Blue Drifters, Café de la Danse, Paris
21.09.2023
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8 juillet 2023.
La soirée du samedi ne pouvait être que belle, très belle même, grâce à une programmation qui aura brassé les genres, les époques et les styles. D’entrée, le soleil encore brûlant aura brillé un peu plus fort avec la prestation habile, habitée et lumineusement habillée (magnifique robe scintillante) de Sharrie Williams, surnommée The Princess of Rockin’ Gospel Blues. Belle voix, toujours en place, que le tempo s’emballe ou s’apaise, que le groove s’embrase ou que l’émotion l’appelle, la chanteuse originaire du Michigan aura donné de sa personne, à l’aise et sans fard quand il s’agit de raconter à travers une setlist bien calibrée les instants de sa vie, cabossée par les deuils successifs, ou de partager avec un public attentif, les émois de l’amour.
Pour lui succéder sur scène, l’inoxydable Mighty Mo Rodgers. Toujours aussi impeccable et communicatif du haut de ses 81 ans. Toujours aussi sage et philosophe, véritable preacher, le blues enraciné en lui, avec cet élan de soul qui habite la plupart de ses textes, échappés en bonne partie de son nouvel album “Memphis Callin’”, à paraître en août et enregistré quasi intégralement en Italie (ses musiciens, emmenés par le guitariste Luca Giordano, sont aussi originaires de la botte).
Assumant comme à son habitude une palette sonore variée (dont deux morceaux résolument reggae), le gentleman américain aura minutieusement nourri son audience, sans temps mort ni fausse note, et avec ce qu’il faut de malice comme cette reprise de My girl calée façon Temptations sur quelques mesures, avant de s’en extirper pour mieux enchaîner sur une version bluesy. Un maître.
La nuit enfin tombée, il fallait au moins Keziah Jones pour la réveiller. Bouillonnant, remuant, détonnant, nerveux, musclé, énervé mais jamais énervant : les mots finissent presque par manquer pour qualifier les prestations du chanteur nigérian, inventeur du blufunk jamais rassasié de riffs arides et de groove tonitruant. Une véritable bête de scène, ici en format trio, aux cordes vocales et guitaristiques aussi éclatantes qu’à ses débuts. Ça remonte, certes. 30 ans déjà. Mais ça démonte toujours autant.
Texte : Mathieu Bellisario
Photos © Brigitte Charvolin
7 et 9 juillet 2023.
Un festival de blues de trois jours avec trois groupes par soirée, une scène dressée au cœur de Montpellier, sur la magnifique esplanade du Peyrou, des concerts gratuits sur les places de la ville… Si le projet était ambitieux, le pari a été réussi. Organisation sans failles pour une première, et programmation variée, de qualité.
Muddy Gurdy ouvrait le festival, interprétant une musique originale, le son de la vielle à roue de Gilles Chabenat se mariant à la guitare de Tia Gouttebel pour un lancinant “boogie-bourrée”.
Belles harmonisations, vent de fraîcheur et enthousiasme communicatif avec les jeunes chanteurs des Harlem Gospel Travelers.
Il revenait à Popa Chubby de clôturer avec son énergie habituelle cette première soirée.
Ouverture de la troisième soirée avec Koko Jean & the Tonics. Force expressive et explosive, la toute menue Koko Jean brûle les planches.
Stephen Hull et Andrew Alli confirment ce que l’on pensait lors de la tournée New Blues Generation. Ils sont bien ce qui se fait de mieux dans la nouvelle génération. Le groupe dans son ensemble fonctionne admirablement, et le talent et la personnalité de chaque membre dégagent une formidable énergie positive.
La dernière soirée s’achevait avec Joe Louis Walker. On le retrouve sur scène avec un grand plaisir. S’il est un guitariste brillant, notamment au bottleneck, Joe Louis est aussi un intéressant parolier et un chanteur à la voix très prenante, aux accents volontiers churchy. Rendez-vous l’année prochaine !
Texte et photos : Brigitte Charvolin