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Live reports / 13.10.2012

MARQUISE KNOX & NICO WAYNE TOUSSAINT

On sait que l’automne est là quand recommence la saison blues de l’espace Jean-Roger Caussimon à Tremblay-en-France. Le plaisir se répète d’année en année grâce à la programmation imaginative de Michel Rémond et l’investissement d’une équipe de bénévoles motivée. Au plaisir musical escompté – et rarement déçu – s’ajoute celui des rencontres et des retrouvailles avec le "noyau dur" des blues fans franciliens fidèles au rendez-vous.

Après un premier passage en 2007, Nico Wayne Toussaint revenait  à Tremblay et, comme à La Charité cet été (voir compte rendu), entendait défendre son dernier album "Lonely Number". Ce qu’il fit avec panache, ouvrant avec le titre éponyme et avant d’en approfondir l’exploration avec How long to deal, High class in disguise ou Time to cut you loose. Sa conduite très professionnelle du concert n’étouffe pas l’enthousiasme qui l’anime, perceptible lors de copieux et accrocheurs solos d’harmonica. Il se distingue au chromatique dans My own medecine ou  Moliendo cafe, un classique vénézuélien  délicieusement  décalé (comme l’était Malaguena par Snooks Eaglin ou la Cucaracha par Walter Horton !). Nico Wayne offre aussi de belles opportunités à Florian Royo dont le jeu de guitare est un régal constant, comme dans Time to party, un shuffle au swing irrésistible.

 

 
Nico Wayne Toussaint

 

Rares ont été les apparitions en France de Marquise Knox à ce jour (Seclin en mars 2011), il ne fallait donc pas manquer les dates françaises de cette tournée pour vérifier si les promesses de ses deux CD (le premier en 2008 à l’âge de 17 ans et le second tout récemment) se vérifiaient. D’emblée, on est frappé par la simplicité qui se dégage du trio : aucune ostentation, ni dans la tenue ni dans la posture, mais une simplicité, un naturel parfaitement en adéquation avec la musique pratiquée. Là, c’est encore plus étonnant. A 21 ans, Marquise Knox joue et chante le blues dans sa forme la plus "authentique". Je mets des guillemets, car rien n’est plus subjectif que l’authenticité ou la pureté en la matière. Mais ce qui est sûr, c’est que le blues de Marquise Knox ne s’accommode d’aucun emprunt au rock ou à la soul. Ce qu’il joue aurait pu l’être dans les années 50 dans un juke joint du Sud ou une taverne d’un ghetto du Nord.

 


Marquise Knox

 

Il y a des échos de Hooker et Hopkins chez lui, mais aussi de Muddy Waters et de B.B. King. Adepte du finger picking, il s’accompagne avec une sonorité légèrement saturée, très dense ; il est aussi capable de solos déliés et excitants, mais n’en abuse pas. Suprêmement décontracté, attentif et subtil, le batteur, Mike Battle, se rattache directement à la lignée des Fred Below.

 


Carlos Hughes (batterie) et Torey Todora (basse)

 

Côté répertoire Marquise Knox connaît ses classiques (Catfish blues, Worried life blues, Crawling kinsnake, Mojo hand…), il compose aussi des pièces intéressantes comme I’ve got problems ou l’ironique America’s blues (« America’s so beautiful, they tell me this is the land of the free / But it’s getting so bad, a man can’t hardly feed his family »). Marquise Knox nous permet d’envisager un futur au blues et, ça, c’est une bonne nouvelle. Comme disait mon voisin : « Il est fort Knox ! »*

Après cette belle soirée inaugurale, la saison blues se poursuivra à l’espace J.-R. Caussimon avec Deitra Farr et Loretta & the Bad Kings le 24 novembre, Chino et Olivier Gotti le 8 décembre, Thorbjorn Risager le 16 février, sans oublier une soirée blues/rockab’ le 12 janvier avec Roy Thompson, Ghost Highway et les Megatons.

Jacques Périn

Photos : Miss Béa

 

* Pardon, je n’ai pas su résister…