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Live reports / 04.12.2017

Marquise Knox, Kat Riggins, Hypnotic Wheels

25 ans d’existence et toujours jeune, voilà comme le blues est vécu à la Traverse à Cléon, à proximité de Rouen, avec une programmation de qualité. Cette année, le concert du dimanche propose The New Blues Generation, la tournée organisée par Guillaume Tricard et Boom Boom Production, avec Marquise Knox et Kat Riggins, précédés de Tia Gouttebel et son projet Hypnotic Wheels. Alors que la capacité de la salle avait été bridée par un rideau masquant une partie des travées de sièges, c’est avec un plaisir partagé par les organisateurs et le public qu’il a fallu retirer ledit rideau pour accueillir la totalité des spectateurs.

Ceux-ci ne vont pas être déçus car Hypnotic Wheels place d’entrée la barre très haut. Tia Gouttebel, voix et guitare, Gilles Chabenat, vielle à roue, Marc Glomeau, percussions, emmènent le blues dans une autre dimension, l’utilisation de la vielle, pour le moins inattendue dans le blues, y étant pour beaucoup. Le trio porte bien son nom tant on est captivé par l’univers créé, la voix intrigante de Tia, les percussions riches de Marco et donc cette fameuse vielle, dont Gilles joue en alternant coups de roue saccadés et successions de tours qui apportent une forme de libération. Le son en est magnifié par l’amplification et l’écho. Sont revisités J.B. Lenoir, RL Burnside, Nina Simone, Bo Diddley, Sur Help the poor, le son de la vielle est plus inquiétant que jamais. Sur Pretty thing, le solo de percussions est superbe. Le rappel se fait encore avec RL Burnside et un Going down south bien lancinant.

 


Tia Gouttebel

 


Gilles Chabenat

 


Marc Glomeau

 

À l’entracte, l’association France Blues remet ses prix annuels à Jean Chalmandrier, infatigable bénévole de nombreux festivals, à votre serviteur pour ses activités au service du blues, et à Blues à La Traverse pour son histoire et sa qualité.

Dès la reprise, Marquise Knox séduit par son charisme, son jeu de guitare et la qualité de ses accompagnateurs, Matthew Lawder (g), Augustus Thornton (b), Michael Battle (dm), dont le talent musical et l’allure font beaucoup pour crédibiliser le spectacle. Quoi qu’il en soit, c’est du blues et du vrai. Marquise a beaucoup de B.B. King en lui, dans son jeu, sa posture, ses mimiques, son lien avec le public, mais il sait rendre tout ça personnel par sa jeunesse, son dynamisme et les nombreux riffs qui lui sont propres.

 


Marquise Knox

 


Augustus Thornton

 


Michael Battle

 

Il reste aussi lui-même quand il sert d’accompagnateur à la chanteuse Kat Riggins dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est aussi de nature dynamique. Jouant de son physique, elle emballe le public en deux minutes avec des chansons portant bien leur titre comme Blues is my business. Que veut-elle dire quand elle annonce que « it’s okay to misbehave » ? Sur Reconsider baby, Marquise Knox et Matthew Lawder duellisent à la guitare avant de jouer en puissance sur Wang dang doodle. Redevenu leader, Marquise descend dans le public sur Walking the dog puis fait rire en commentant le titre d’après avec la phrase « look at the foll we have in the White House » au milieu d’autres parlant de la condition des Noirs aux États-Unis.

 


Kat Riggins

 


Matthew Lawder

 

Le dernier titre, ô combien juste, est I’m a bluesman, avant un rappel avec Got my mojo working. Qu’est-ce que le blues peut être bon quand il est joué et chanté comme ça !

Texte et photos : Christophe Mourot