En cette période bizarre, de nouveaux lieux se sont ouverts aux concerts. C’était le cas le 25 octobre 2020 à la jardinerie GAEC de Loume à Sainte Eulalie en Gironde qui accueillait en nombre limité les Vieux Briscards du Blues avec The Coudougnan’s en première partie.

Des musiciens de tous genres de la région se sont organisés pour donner des “concerts au jardin” et ainsi continuer à jouer dans des endroits où les règles sanitaires permettent d’accueillir un public de taille raisonnable.

Les Coudougnan’s ne sont autres que Raoul Ficel et sa fille Zoé, qui, à travers ce duo, se consacrent à la country music, sans oublier le blues. Zoé lance la soirée seule avec trois de ses compositions, ballades country aériennes et poétiques, portées par sa voix pure et son jeu de guitare en accord. Son père la rejoint et le répertoire se complète de reprises des Everly Brothers, J.J. Cale ou la Carter Family, sans oublier une reprise de Bessie Smith. La guitare de Raoul apporte des solos qui prolongent les morceaux et le plaisir de les écouter. La pause est l’occasion de partager un verre et des discussions.

Les Vieux Briscards sont en trio, sans basse ni batterie, avec CadiJo à l’harmonica, Raoul Ficel à la guitare et Hot Pepino aux claviers, chacun prenant le chant à son tour. C’est CadiJo qui commence avec un instrumental qui met en valeur son jeu terrien, virtuose aussi, non dans la technicité, qu’il possède sans jamais trop en faire, mais dans la tonalité et le feeling. Il chante ensuite Worried life blues avant de passer le micro à Raoul qui enchaîne des reprises de Little Walter et Jimmy Reed. Hot Pepino prend le relai avec des titres de Jimmy Rogers et Buddy & Ella Johnson. Les trois compères se connaissent et maîtrisent leur blues chaloupé, particulièrement adapté au contexte de ce concert intimiste. Ils sont rejoints par la chanteuse Flora Estel pour Woke up this morning et The hustle is on. Raoul reprend Mopper’s blues de Big Bill Bronzy avant que Zoé Coudougnan réapparaisse pour Lissin’ in the dark de Memphis Minnie. Le final se fait avec Good morning little schoolgirl.

Il fait nuit, il pleut, il y a de la route pour rentrer mais le cœur et la tête sont légers après une telle séance de bonne musique. Même les sangliers qui ont traversé juste devant la voiture en plein virage m’ont fait un clin d’œil bluesy.

Texte et photos : Christophe Mourot