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Live reports / 07.03.2014

Leon Ware

Peut-être parce qu’il était déjà passé à peine un an auparavant, il n’y avait pas foule pour accueillir Leon Ware sur la scène du New Morning ce soir… Mais l’enthousiasme des présents a fait plus que compenser le remplissage relativement réduit de la salle !

Après un excellent DJ set totalement dans l’esprit assuré par Sly Johnson (dont on peut enfin espérer un nouveau disque solo en fin d’année, sur l’excellent label Heavenly Sweetness), l’orchestre monte sur scène, vite rejoint par la vedette de la soirée. Après avoir été accompagné par Incognito et son leader Bluey lors de sa dernière visite, c’est au tour de l’orchestre d’Omar de prêter main forte à un artiste dont l’influence sur la scène soul britannique est indéniable.

 

 

Comme lors des concerts français précédents de Ware, le répertoire se partage entre les titres qu’il a enregistrés sous son propre nom et ceux qu’il a écrits pour d’autres. On retrouve donc au programme trois titres extraits de “I Want You”, l’album écrit pour Marvin Gaye, un titre créé par Maxwell (Sumthin’ sumthin’), le I wanna be where you are partagé par Michael Jackson et Marvin Gaye, et des titres personnels comme Why I came to California, ainsi que quelques morceaux absents des concerts précédents comme l’excellent Body heat. La choriste (non identifiée) peine à trouver la complicité qui unissait Ware à Vanessa Haynes lors des dates précédentes, mais donne une version crédible de Inside my love, chanté à l’origine par Minnie Ripperton. Probablement enrhumé, Ware est peu en voix au début du concert, mais son chant ne cesse de gagner en puissance, et le deuxième set, clôt sur une très belle version de I want you, gagne encore en intensité par rapport au premier.

 

 

 

À 74 ans passés depuis quelques semaines, Ware ne donne pas signe de vouloir ralentir son activité. Entre deux blagues sur son âge et quelques allusions salaces – vite désamorcées d’un grand éclat de rire –, il semble prendre un grand plaisir à chanter sur scène et à recueillir l’affection d’un public aux anges. C’est même, dans mon souvenir, la première fois que je vois un artiste faire un rappel au moment de l’entracte : alors que son directeur musical venait péniblement le convaincre de quitter la scène pour la (regrettable) pause obligatoire, quelques cris de la foule ont suffi à le faire revenir pour un titre, assuré seul au clavier ! À l’heure où nombre de nos héros des années 1960 et 1970 semblent parfois assurer leurs prestations en pilotage automatique, Leon Ware sort une fois de plus du lot. Quel festival aura la bonne idée de le programmer pour lui permettre de dépasser le public des amateurs éclairés ?

Frédéric Adrian
Photos © Fouadoulicious