29 juin 2021.

Le concert de sortie officiel est attendu pour le mois de septembre, après quelques dates estivales, mais la chanteuse a profité de la reprise de l’activité des clubs pour offrir une lecture live de son premier album paru fin avril et qui a constitué une des plus belles découvertes jazz de ce début d’année. 

Pour l’occasion, elle est entourée de la quasi-totalité de l’équipe qui l’accompagne sur le disque (en dehors de la section de cordes) emmenée par le pianiste Grégory Privat avec le batteur Tilo Bertolo et le percussionniste Inor Sotolongo, seul le contrebassiste Zacharie Abraham étant remplacé pour l’occasion par Viktor Nyberg. Visiblement émue de retrouver une scène sur laquelle elle a fait ses débuts il y a quelques années, la chanteuse peine à cacher sa nervosité mais se laisse vite prendre au flot de sa propre musique en évoquant en ouverture ses souvenirs du Togo. Elle se plonge ensuite dans le répertoire original de l’album avec Flying until puis Save me. 

Si le programme reprend (dans le désordre) le contenu du disque, le format live lui permet de donner des versions étendues de ses chansons, laissant une place accrue à ses accompagnateurs. Ainsi, la très belle ballade In your eyes est précédée d’une magnifique introduction par Grégory Privat qui met en valeur la beauté de la mélodie et l’élégance du jeu du pianiste. Malgré leur pedigree luxueux, les musiciens ne sont d’ailleurs pas là comme des accompagnateurs mercenaires, mais sont vraiment partie prenante de la musique. Privat, qui est le directeur musical du disque, prend même le micro au cours du concert pour dire tout le bien qu’il pense de Laura Prince, qu’il décrit comme « une musicienne plus qu’une chanteuse » ! 

Vocalement, il faut dire que Prince confirme en direct la bonne impression faite sur disque, par son aisance et son inspiration sur tout terrain, du spoken word de Musical inspiration au registre contemplatif d’Amazonia – une occasion pour Privat, décidément un des artistes les plus intéressants de la scène jazz d’aujourd’hui, de rappeler qu’il est aussi chanteur – en passant par l’émotion intense de Peace of mine, dédié à sa tante décédée. Le titre le plus soul de l’album, So unconditional, est gardé pour la fin et offre un final ludique à une prestation riche en émotions. Particulièrement accrocheuse (amis animateurs de radio aux oreilles ouvertes, pensez-y pour vos playlists !), la chanson est même reprise spontanément par le public en guise de dernier salut, bel indice de sa popularité potentielle ! 

Après l’excellente surprise de l’album, la scène vient confirmer que Laura Prince fait partie des voix avec lesquelles il faudra compter ces prochaines années.

Texte et photos : Frédéric Adrian