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Live reports / 11.04.2023

Lakecia Benjamin, Duc des Lombards, Paris

30 mars 2023.

Look parfaitement étudié et entrée sur scène quelques minutes après que ses partenaires ont commencé à jouer : Lakecia Benjamin ne fait pas semblant d’ignorer qu’elle a tout d’une future star du jazz ! 

Mais si elle joue le jeu des apparences, la saxophoniste, ancienne protégée de Gary Bartz et Clark Terry et accompagnatrice de Alicia Keys et Stevie Wonder entre autres, n’oublie pas que c’est la musique le principal. Quand elle rejoint sur scène son trio – Zaccai Curtis au piano, E.J. Strickland à la batterie, Ivan Taylor à la contrebasse –, elle attaque directement avec un des titres les plus ambitieux de son dernier disque, Trane, hommage tranchant et exigeant à ses influences Alice et John Coltrane, à qui elle avait dédié son album précédent.

C’est évidemment le répertoire de “Phoenix”, paru fin janvier (et évoqué dans le dernier numéro de Soul Bag), qu’elle puise pour le programme de ce concert qui marque la fin d’une  tournée européenne passée, entre autres, par la Pologne, la Belgique, l’Italie, l’Allemagne et par Londres… Privée des invités de l’album, elle s’approprie sans difficulté les mots d’Angela Davis sur Amerikkan skin, aussi puissant sur scène que sur disque, et n’a aucun mal, avec ses musiciens, à faire oublier l’absence de Patrice Rushen sur Jubilation, marqué par un remarquable solo d’E.J. Strickland. 

Zaccai Curtis, Lakecia Benjamin, Ivan Taylor, E.J. Strickland
Zaccai Curtis

Malgré l’enthousiasme communicatif de Benjamin – « we’ll learn to love each other », déclare-t-elle en début de concert –, il faut quelque temps au public pour commencer à se manifester, mais les choses décollent réellement avec une superbe version, très coltranienne, d’Amazing grace, commencée par la saxophoniste en solo avant d’être rejointe par le piano de Zaccai Curtis. L’implication des spectateurs ne se démentira plus jusqu’à la fin du show, et sa version de My favorite things, qui inclut une longue citation de Wade in the water, est saluée par des cris de joie – au point que la musicienne, qui pensait clore ainsi son set, est obligée de revenir pour un rappel !

Attendue cet été pour quelques dates dans les principaux festivals européens, Lakecia Benjamin confirme ici son grand potentiel, mais aussi ses grandes ambitions, qui dépassent largement et légitimement le cercle des amateurs habituels de jazz : ce n’est sans doute pas par hasard qu’elle invite son public à la prendre en photo et à poster les images sur les réseaux sociaux ! 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot

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