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Live reports / 18.12.2018

Kimberose

Lumière tamisée, tempo abaissé, piano-voix formidablement accordé… Existe-t-il un plus beau moment que cet hommage rendu à Aretha Franklin ? Une Little prayer chantée avec les tripes et la foi pour des centaines de spectateurs assis comme à la messe. Pour quelques minutes seulement. Désormais debout comme un seul homme, la paume des mains rougie par une clape appuyée, le public viendra confirmer ce que beaucoup de monde devinait déjà : huit mois après la sortie d'un premier album plutôt convaincant (“A Chapter One”), le groupe Kimberose a dépassé le stade de la simple révélation, et peut aujourd'hui revendiquer une place au soleil dans le ciel contrasté de la soul en France. Son astre le plus brillant ? Kimberly Rose Kitson Mills et sa crinière rousse incandescente. 

 

 

 

Ancienne infirmière qui a couru un temps les télés-crochets avant de véritablement percer, la chanteuse a pour elle une sacrée voix, rarement entendue chez nous. De celle qui pourrait évoquer par moments Amy Winehouse. Rien que ça. La noirceur de Needed you, comme un écho à Back to black, ou ces arrangements très roots-reggae entendus sur l'inédit Blablablabla accentuent encore davantage ce trait d'union dessiné en pointillé avec la diva anglaise. Comparaisons n'étant pas raison, il faudra encore un peu plus de vécu et moins de sagesse peut-être, pour parvenir à un tel niveau d'excellence. Car l'on devine déjà dans l'écriture et les textes, ces fragilités qui font les grandes chansons comme les grandes interprètes. Pour autant, à seulement 27 ans, la jeune femme éblouit par son évident charisme et sa technique jamais feinte, d'une justesse constante avec dans le timbre, ces élans de rage qui ne demandent qu'à être accentués.

 

 

 

Bien aidé par des musiciens qui se sont parfaitement trouvés, le résultat est en tout cas nettement plus incarné sur scène qu'en studio, comme dans cette version sauvageonne de I'm broke qui jouait jusqu'ici l'apaisement. Même constat sur About us, qui gagne un clavinet et un solo de basse très chic. Avec un seul album à défendre, la playlist résiste forcément aux surprises, même si quelques reprises bienvenues s'invitent dans ce concert de louanges, comme le classique de Sam Cooke, A change is gonna come en guise d'ultime rappel. Le changement attendra : accrochée au plafond, à quelques encablures de Noël, une guirlande multicolore continue de briller malgré la salle qui se rallume. Et la lumière fut. Intense.
Mathieu Bellisario
Photos © Frédéric David