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Live reports / 15.03.2017

JIMMY BURNS – STAGGER LEE

Les transports franciliens n'étaient guère performants ce samedi. Si tous les billets de l’Odéon avaient été vendus, quelques sièges restaient néanmoins vacants, la faute aux ratés du RER. Et, comme Arnaud Fradin l'expliqua avec humour, il avait failli manquer les balances, car il avait dû indiquer le chemin, grâce au GPS de son smartphone, au chauffeur du bus qui s'était perdu… Authentique !

Arnaud présentait donc Stagger Lee, un nouveau groupe/concept venant compléter un dispositif comprenant Malted Milk – avec ou sans Toni Green –, un duo guitare-harmo et le Roots Combo, en mode électro-acoustique. De quoi varier les ambiances, les collaborations et les plaisirs. Avec Stagger Lee, l'accent est mis sur le blues électrique, moderne ou contemporain, empruntant des thèmes à Joe Louis Walker, Magic Sam, Eddie C. Campbell ou Gary Primich, tout en évitant les standards trop entendus. La guitare d'Arnaud et l'harmonica de Thomas Troussier sont aux avant-postes. L'un comme l'autre font montre d'une technique tellement maîtrisée qu'elle leur permet de passer au stade supérieur. Celui de la création, de l'invention. Ils façonnent, malaxent, pétrissent la matière sonore pour une expressivité nouvelle, toujours dans le respect de l'essence du blues.

 


Thomas Troussier, Arnaud Fradin

 


Thomas Troussier, Fabrice Bessouat, Arnaud Fradin, Miguel Hamoum, Max Genouel

 



Arnaud Fradin

 

Leurs partenaires leur offrent le confort d'un accompagnement stimulant, ainsi de la guitare rythmique de Max Genouel (affûtée aussi en lead), de la basse de Miguel Hamoum et de la batterie de Fabrice Bessouat, toujours là pour structurer ou relancer l'ensemble. C'est Arnaud Fradin qui s'adjuge les vocaux, sans falsetto stratosphérique comme avec Malted Milk, mais avec une passion qui trouva sa plus belle expression dans le I'll take care of you de Bobby Bland.

 


Max Genouel, Miguel Hamoum

 


Thomas Troussier

 


Fabrice Bessouat

 

Fabrice Bessouat ne quitta la scène que le temps de l'entracte, puisque c'est toujours lui qui officiait au sein d'un groupe parfaitement impliqué pour soutenir un bluesman garanti par l'AOC Chicago ! Si Jimmy Burns ne quittera pas son tabouret, il n'est pas diminué pour autant, sans doute un peu fatigué. La voix reste claire et assurée, agile dans le falsetto. À la guitare, il accroche un peu au début, mais trouve vite ses marques, faisant preuve d'un remarquable sens mélodique. Il n'hésite pas à passer le relai à Xavier Pillac, tous deux s'avérant parfaitement complémentaires et interchangeables en solo ou en accompagnement.

 


Jimmy Burns

 


Fabrice Bessouat, Xavier Pillac, Jimmy Burns, Antoine Escalier

 


Antoine Escalier

 

C'est le Chicago blues classique, tendance South Side, qui réussit le mieux à Burns avec des thèmes comme Shake for me, It ain't right (et sa belle intro) ou Stop the train, mais il montre parfois un penchant pour la country ou la soul, avec une version fort appréciée de Stand by me. Mais, dans ce registre, c'est son interprétation de Feels like rain qui m'a particulièrement touché. En conclusion, Antoine Escalier, le bassiste, prit l'heureuse initiative (sans doute acceptée en amont !) d'inviter les protagonistes de la première partie, Arnaud Fradin, Thomas Troussier et Max Genouel, pour un vrai moment de partage, sans égomanie. La preuve qu'à Tremblay, le blues est toujours une fête.

Jacques Périn
Photos © J-M Rock’n’Blues
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Jimmy Burns