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Live reports / 15.02.2019

Jazz Magazine Festival

Le Trianon, Paris 18e, 26 janvier 2019

Depuis quelques années, nos excellents confrères de Jazz Magazine– par ailleurs responsables de concerts réguliers au Bal Blomet, à Paris, s’offrent une soirée en forme de mini-festival, avec trois prestations successives. Avec Robin McKelle et Hugh Coltman au programme, l’édition 2019 faisait une belle place à des musiciens habitués des pages de Soul Bag.

En ouverture, le saxophoniste et chef d’orchestre Luigi Grasso présente ses Greenwich Sessions, en forme de big band de poche (Thomas Gomez au sax alto, Balthazar Naturel au sax ténor et au cor anglais, Armand Dubois au cor, Émilien Veret à la clarinette basse, Malo Mazurie à la trompette, Géraud Portal à la contrebasse, Lucio Tomasi à la batterie et Laurent Courthaliac au piano, rejoints pour un titre par le chanteur Mario Ponce-Enrile), dans un registre bop bien tourné mais auquel manque peut-être, au moins sur la vingtaine de minutes entendues ce soir-là, le petit grain d’inspiration qui fait la différence.

Luigi Grasso

Omniprésente sur les scènes françaises depuis quelques mois, Robin McKelle confirme en concert le recentrage sur un registre jazz opéré par son dernier album, “Melodic Canvas”. Accompagnée d’un trio très pertinent (l’immense Reggie Washington à la basse, James Williams à la batterie et Jonathan Thomas aux claviers), c’est dans le répertoire de ce disque qu’elle puise la quasi-totalité de son programme, et le passage au live bénéficie largement à des morceaux pas toujours emballants dans leur version enregistrée. Moins exubérante que par le passé, elle reste une bête de scène impressionnante – malgré un public fort peu réactif tout au long de la soirée – sans pour autant sacrifier le chant au show, comme en témoigne par exemple un Back to black emprunté à Amy Winehouse et complètement réinventé.

Robin McKelle

Également familier du public français, Hugh Coltman convoque sur scène, comme sur son dernier album, l’atmosphère et les musiques de La Nouvelle-Orléans. Accompagné d’un groupe comprenant plusieurs des participants au séances de “Who’s Happy ?” (Frédéric Couderc à la clarinette et au sax baryton, Jérôme Etcheberry à la trompette, Jerry Edwards au trombone, Didier Havet au soubassophone, Freddy Koella à la guitare, Gael Rakotondrabe au piano et Raphael Chassin à la batterie) et d’une scénographie simple et élégante, Coltman se plonge dans le répertoire de ce disque et donne des versions enthousiastes et enthousiasmantes (malgré, à nouveau, un public étonnamment en retrait jusqu’à la fin du show) de ses titres phares, comme l’accrocheur Sugar coated pill, tout en variant les ambiances, du format brass band à des moments plus intimistes, par exemple sur Little big man.

Hugh Coltman

Porté par les interventions constamment pertinentes de Freddy Koella – le guitariste, entre autres, des albums louisianais de Willy DeVille –, l’orchestre assure un soutien parfait pour le chant de Coltman, tandis que celui-ci assure le show, avec son charisme assez irrésistible. Il accueille pour un duo très réussi Robin McKelle (qu’il croise régulièrement dans le cadre des tournées “Disney Loves Jazz”) et invite Luigi Grasso pour un solo efficace sur une reprise de Caravan. Le résultat est irrésistible, et l’heure et demie du concert passe vite. Le couvre-feu de la salle impose à Coltman d’abréger son rappel, mais l’ensemble de la soirée est une réussite qui constitue une belle vitrine pour le Jazz Magazine.

Texte : Frédéric Adrian

Photos © Frédéric Reglain

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