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Live reports / 18.07.2018

Hazmat Modine

Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon), célèbre film avec Al Pacino, raconte une prise d’otages à Brooklyn. Effectivement, ce fut un après-midi de chien pour les musiciens d’Hazmat Modine (arrivés de Dresde et de nuit en minibus), ceux de Cory Seznec et toute l’équipe du New Morning, suite à une prise d’otages à proximité, avec, pour conséquence le quartier entièrement bouclé par la police et l’indécision jusque fort tard : jouera, jouera pas ? Vers 20 h, le New Morning, sur sa page Facebook, annonce l’annulation du concert. Une heure et demie après, le dispositif policer ayant été levé, il peut finalement démarrer devant une assistance, on s’en doute, clairsemée. 

« Paris et New York ont ça en commun, ce genre de situation », déclare le fondateur de Hazmat Modine, Wade Schuman (harmonica, guitare, flûte de pan), en introduction à son set, évidemment écourté. Cette inclassable formation typiquement brooklynienne, éclectique par nature, mêle hommes et femmes de tous âges, noirs et blancs, musiciens de rock autant que de jazz, qu'il nous faut tous citer : Erik Della Penna, formidable guitariste et co-auteur avec Schuman de la plupart des titres joués ce soir-là ; le tubiste Joseph Daley (ex-Taj Mahal) dont le lourd instrument tient lieu de basse ; deux femmes, Pamela Fleming (trompette) et Reut Regev (trombone) dans la section de cuivres complété par le sax très free de Steve Elson ; le violoniste électrique à pédale wah-wah Charlie Burnham (ex-James Blood Ulmer) dans la rare lignée des violonistes rock à la Papa John Creach ; et, enfin, le tout jeune batteur Patrick Simard originaire de Toronto. Un collectif hors norme au service d’une musique brillante, festive et colorée, puisant son inspiration aux sources les plus diverses. Il faut espérer les revoir bientôt dans un contexte plus favorable.

Jean-Pierre Bruneau