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Live reports / 07.04.2015

Guitares au Beffroi: Don Vappie & Otis Taylor

Guitares au Beffroi, c'est un salon de la "belle guitare", avec plus de soixante-quinze exposants venus de toute l'Europe, mais aussi des master-classes, des mini concerts, des conférences. Ce sont aussi trois concerts à thèmes : rock pop le vendredi avec Nguyen Lê, manouche le samedi avec le trio Rosenberg et blues le dimanche. Le tout dans le cadre monumental du Beffroi de Montrouge, un bâtiment administratif des années 30 devenu centre culturel, avec un hall décoré de fresques de Moebius.

Don Vappie (au centre) et l'Armel Amiot Banjo Club
 

La créolité est à l'honneur dès le premier titre de l'Armel Amiot Banjo Club, chanté par son leader et qui ne tarde pas à inviter son maître, le plus prestigieux et le plus influent des banjoïstes actuels, Don Vappie. Il justifie amplement sa réputation, la fluidité de son jeu et son aisance font la différence, le naturel de son chant, sa considération pour ses partenaires (Gilles Berthenet, tp; Damien Bravo, cb; Robert Ménière, dm) et sa gentillesse font de son passage un moment de grande convivialité. Il rendra hommage à Jelly Roll Morton et Danny Barker, proposera son euphorisant Coconut shake, laissera à Armel Amiot l'honneur de Someday you'll be sorry et obtiendra facilement la participation de la salle avec Hey la bas. Un air de Nouvelle-Orléans à la créole !

Don Vappie et Robert Ménière
 

Don Vappie est à nouveau invité sur scène, en seconde partie, par Otis Taylor. Comme il l'avait été sur l'album "Recapturing The Banjo" du shaman du trance blues. Dans ce contexte bien différent, électrique et dense, Don s'immisce sans peine et apporte une couleur complémentaire le temps – trop court – des trois premiers morceaux. La musique d'Otis Taylor a su s'adapter aux grandes scènes, aux auditoires pas forcément familiers de son univers. A l'austérité qui caractérisait ses débuts succède un show bien mené – accrocheur sans démagogie forcenée. Et s'il n'est pas devenu un bout en train forcené, il n'hésite pas à descendre dans la salle, le temps d'un solo d'harmonica bien dansant.

Otis Taylor Band avec Don Vappie
 

Hey Joe est depuis longtemps son cheval de bataille "live", plus encore maintenant qu'il l'a mis en exergue de son nouvel album. La compo de Jimi Hendrix est explorée, reconsidérée, dé/re-structurée par chacun des solistes du groupe : Otis lui-même, mais aussi la toujours féline et captivante Anne Harris au violon et Scott Taylor dont la guitare en mode psyché a gagné en profondeur. Sur d'autres titres, Todd Edmunds à la basse et le très complice Larry Thompson à la batterie ont aussi l'occasion de prendre la lumière dans une prestation à la fois exigeante et festive.

Otis Taylor et Larry Thompson
 

Texte Jacques Périn – Photos Christian Esther