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Live reports / 04.07.2018

GLORIA GAYNOR

Habituée des scènes européennes, Gloria Gaynor ne s’était pas produite en France depuis bien longtemps, et il a fallu l’anniversaire de la victoire de l’équipe de France à la Coupe du Monde (à laquelle sa chanson phare était associée, mais pas dans sa version) pour qu’elle puisse enfin chanter à Paris. La salle n’est cependant pas remplie, sans doute pour cause de billets abusivement chers…

Excellente surprise en première partie, avec le chanteur et guitariste camerounais vétéran André-Marie Tala. Ses disques étant à peu près introuvables et à peine réédités, sa notoriété repose essentiellement sur une anecdote : le fait qu’il ait fait condamner James Brown pour plagiat, The hustle de celui-ci étant pompé sur son Hot toki. Son trop court set énergique d’une demi-heure est une découverte, d’ailleurs très bien accueillie par un public pourtant pas venu pour lui, et donne envie d’aller l’écouter de plus près. 

 

 

Pas de grande surprise à attendre du show de la vedette de la soirée : Gaynor n’a pas publié de nouveau disque studio depuis plus de dix ans, et c’est évidemment sur ses principaux tube que repose le répertoire de la soirée, qui s’ouvre sur le tube de Frankie Valli Can’t take my eyes off you, enregistré par Gaynor en 1991, avant d’enchaîner les classiques : un triomphant I am what I am, un Never can say goodbye bien tourné, puis, en duo avec son brillant choriste Harvey Hubert, un hommage à Barry White avec You’re the first, the last, my everything. Vocalement très supérieure à la plupart de ses consoeurs de l’ère disco, Gaynor – dont la carrière commence dès le milieu des années 1960 – fait varier les tempos, et s’offre de belles versions de Memories, empruntée à Gladys Knight et présentée comme « le genre de chanson que je chantais avant l’arrivée du disco », et de Killing me softly with his song. Plus inattendu, elle s’empare joliment du Beautiful de Chritina Aguilera. Elle annonce également la sortie prochaine d’un album gospel, dont elle interprète deux extraits prometteurs. Plutôt statique sur scène, elle entretient efficacement la communication avec le public.

 

 

 

 

 

 

 

À plusieurs reprises, Gaynor, qui approche des 70 ans, s’offre de petites pauses et laisse la scène à ses choristes, le temps en particulier d’un medley dédié à Michael Jackson. Après que le trio, très pertinent tout au long du show comme l’ensemble de l’orchestre, ait interprété le Crazy de Beyoncé, les quelques notes de piano qui ouvrent I will survive retentissent enfin – et Gaynor revient sur scène pour attaquer sa chanson fétiche, moment de célébration très attendu –, les canons à paillette se déclenchent dès que le tempo s’accélère, après la fameuse introduction théâtrale, particulièrement bien interprétée. Si certains artistes peinent à cacher leur lassitude lorsqu’ils interprètent leur plus grand succès, ce n’est pas le cas ici. Elle a beau l’avoir sans doute interprété quelques milliers de fois depuis 1978, elle en donne une très belle version, très intense, et dont elle a modifié les paroles pour y glisser des références religieuses qui reflètent son parcours personnel, ainsi que, pour l’occasion, une référence à l’équipe de France de 1998.

 

 

 

 

 

Un rappel un peu prévisible sur Everybody dance de Chic vient refermer une prestation courte – une heure et quart tout compris – mais, dans son registre, très réussie, même si quelques titres issus de son répertoire historique auraient pu remplacer quelques-uns des hommages un peu convenus qui ont émaillé le set. 

Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot