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Chroniques / 04.12.2020

Gabriels, Love And Hate In A Different Time

Ce dialogue passionné avec le silence, cette orchestration éparse taillée dans un bois qui donne à entendre la pièce, cette voix si délicatement imposante… À bien des égards, Gabriels rappelle certains grands bâtisseurs sonores de la dernière décennie comme Son Little, Sampha, James Blake ou encore Michael Kiwanuka, et les cinq titres du premier EP de ce trio de Los Angeles forment l’une des plus belles éclaircies de cette sombre année. 

Épaulé par ses complices producteurs Ari Balouzian et Ryan Hope, Jacob Lusk cisèle le relief de son chant forgé dans le gospel, volontiers véhément si besoin (The blind et sa pulsation retenue) ou caressant en falsetto angélique sur la très marvingayesque chanson-titre, seule escapade en dehors du tempo lent. Ici la douce assise d’une contrebasse, là un chœur saisissant ou une batterie sculptée dans l’écho, autour d’un noyau nourricier fait de piano clairsemé et de cordes génératrices de tension, révélatrices de beauté. In loving memory, Loyalty : ainsi se faufile-t-on dans le déroulé de chansons qui pas à pas dévoilent la richesse de leurs textures, de leurs mots, de leurs émotions. Et l’on chavire en suivant l’intense progression de Professional. Un palpitant commencement. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Autopublié
Sortie : 4 décembre 2020

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