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Live reports / 29.01.2011

FIONA BOYES – LARRY GARNER

 

Ce sont de (très) bonnes habitudes dont on ne se lasse pas : à Oraison, l’équipe de l’Eden District Blues a le sens de l’accueil chaleureux, mais également du goût pour nous proposer régulièrement des affiches de haute facture. Et malgré la chape de pluie froide qui recouvre les Alpes-de-Haute-Provence depuis des heures, le public s’est déplacé en nombre pour d’abord découvrir l’Australienne Fiona Boyes.

© : Liza Launay.

Empreint d’un fort accent, son timbre de gosier un peu mâchonné trouve plus ses aises dans la puissance que dans la souplesse, mais la conviction est bien là. À la guitare acoustique, son phrasé assez complexe, rustique et saccadé, gagnerait parfois en concision sur des titres qui s'égrènent toutefois sans déplaisir (Mean world, Place of milk and honey à la slide, Fishin' hole, Stranger in your eyes…). Puis le show change de dimension quand Fiona prend une guitare électrique dans un style au dépouillement salutaire. Bien aidée par un Alain Michel qui n'a rien perdu de sa sensibilité à l'harmonica, elle délivre alors de belles versions de City born country girl et du classique Easy baby. Puis, de nouveau seule à l'acoustique, Fiona prouve qu'elle a gagné progressivement en confiance le temps d'une lecture énergique de Smokestack lightning, point d'orgue d'un concert dont il faut souligner l'originalité.

© : Liza Launay.

Sans vouloir accabler les organisateurs, Larry Garner doit ensuite s'accommoder d'un son trop saturé, surtout au début de son spectacle. Mais le Louisianais en a vu d'autres et s'avère égal à lui-même, c'est-à-dire excellent. Il s'impose en compositeur avisé à l'ironie tranchante, certes malin quand il rend hommage à la France (French song, mais s’agit-il du titre exact ?), toujours d’un réalisme grinçant (She's the boss, Had to quit drinking), voire même pédagogue (Keep on singing the blues)… Et sur les standards qui l'on fait connaître (The road of life, Cold chills, No free rides), sa voix qui a pris un zeste de grain avec l'âge et sa guitare intense font toujours merveille. Bientôt sexagénaire (il est né en 1952), remis de graves troubles cardiaques qui l'ont contraint à un triple pontage, Larry a d’évidence toujours faim (voir le Mannish boy asséné en rappel !). On s'en réjouit. Comme on se délecte à l'idée de revenir à Oraison pour d'autres soirées marquées du sceau de la qualité.

Daniel Léon.