;
Chroniques / 28.08.2023

Durand Jones, Wait Til I Get Over

Durand Jones nous expliquait au printemps dernier (cf. Soul Bag 251) les raisons qui l’ont conduit à publier son premier album solo, à l’écart des Indications avec qui il travaille depuis maintenant près de dix ans. À l’écoute du disque, l’évidence s’impose : il avait effectivement besoin de cet espace de liberté, en dehors des obligations liées à la vie de groupe pour dévoiler pleinement l’éventail de son art, tant au plan thématique qu’au plan musical.

Thématiquement, tout d’abord, c’est en effet un disque très intime qu’il nous propose ici, nourri de sa vie personnelle et de ses expériences d’enfance et de jeunesse, qui culmine avec le très émouvant Letter to my 17 year old self, mais dont la profondeur traverse l’ensemble des chansons du disque. Seule reprise au programme, une très belle version du Someday we’ll all be free de Donny Hathaway, qui suscite sans doute sa plus forte prestation vocale de l’album, s’inscrit également dans la cohérence du disque.

Musicalement ensuite, Jones explore ici, avec l’aide de ses coproducteurs Ben Lumsdaine et Drake ­Ritter, des terrains bien plus larges que ceux auxquels les Indications sont habitués, du déluge de cordes qui ouvre le disque (Gerri Marie) aux influences rock, gospel et électro qui traversent des titres comme Sadie et Wait til I get over. Vocalement aussi, Jones semble s’être libéré et son chant transcende chacune des chansons, de la ferveur endiablée de Wait til I get over à la sensibilité à fleur de peau de Letter to my 17 year old self, chantée sur le fil.

C’est un bruit de rivière, celui du Mississippi sans doute, qui prolonge pendant quelques secondes le final, symbole du parcours réalisé par ­Durand Jones avec ce disque singulier, dont la séduction mérite plusieurs écoutes pour faire pleinement effet. 

Frédéric Adrian

Note : ★★★★★ (Le Pied)
Label : Dead Oceans
Sortie : 5 mai 2023

Dead OceansDurand JonesFrédéric AdrianreviewWait Til I Get Over