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Live reports / 11.08.2016

Dr. Lonnie Smith

Bien qu’il soit un habitué des scènes parisiennes, les consultations du bon docteur restent très populaires, et le New Morning était très correctement rempli pour l’accueillir. Souvent en trio ou en quartet avec son complice Lou Donaldson, c’est cette fois-ci accompagné de cinq musiciens plutôt jeunes qu’il se présentait, avec Jonathan Kreisberg, son complice régulier depuis plusieurs années, à la guitare, Joe Dyson à la batterie, Jan Van Duikeren à la trompette, Gideon Tazelaar au saxophone ténor et Edmundo Carneiro aux percussions. À 74 ans, alors qu’il fête cette années les cinquante ans de ses débuts discographiques au sein du quartet de George Benson, Lonnie Smith pourrait se contenter de dérouler les tables de la loi de l’orgue soul-jazz sans qu’on songe à le lui reprocher. Ce n’est cependant visiblement pas le genre de la maison, et Smith – qui abandonne même ponctuellement l’orgue pour jouer du synthétiseur – consacre une bonne partie de son concert aux titres extraits de son dernier disque, “Evolution”, paru il y a quelques mois, parmi lesquels le complexe African suite et un bel arrangement de Straight no chaser.

 


© DR

 

Maître de la dialectique tension-détente, Smith aime prendre le temps d’approfondir les thèmes qu’il explore, comme le 50 ways to leave your love de Paul Simon (qu’il ne semble pas avoir enregistré) en laissant une place de choix à ses accompagnateurs. Presque tous les titres qu’il interprète dépassent alors les dix, sinon les quinze minutes, sans pour autant virer à la démonstration d’autant que Smith, au contraire de certains de ses collègues organiste, ne fait qu’une utilisation parcimonieuse des effets les plus spectaculaires liés à son instrument de prédilection. Lorsqu’il quitte la scène (sans accorder de rappel) au bout de deux copieux sets d’une heure, c’est un public comblé et conscient d’avoir vu un grand maître en action qui l’acclame longuement.

Frédéric Adrian