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Live reports / 17.09.2018

Di Melo & Cotonete

Dans une saison estivale un peu avare, cette année, en surprises et en inattendus, la première tournée européenne de Di Melo, avec plusieurs dates françaises (notamment à Nice et à Vienne) fait figure de miracle. Auteur d’un extraordinaire album éponyme sorti en 1975 dans lequel il mêlait, quelques décennies avant Ed Motta, le son soul et funk de l’époque sous influence Earth, Wind & Fire et ses influences latines, le chanteur brésilien avait disparu de la circulation après l’échec commercial de celui-ci, et il a fallu attendre la découverte du disque par des collectionneurs dans le courant des années 1990 pour le voir faire un improbable retour il y a quelques années. Il doit sa présence cet été sur les scènes françaises à la rencontre avec le groupe jazz-funk Cotonete avec qui il a enregistré il y a quelques mois – un premier single commun est sorti il y a quelques semaines et l’album est attendu au début de l’année prochaine – et qui l’accompagne pour cette tournée. 

Pour ce qui constitue la dernière date de la tournée avant son retour le lendemain au Brésil, Di Melo a très envie de chanter, au point de débarquer sur scène sans laisser le temps à Cotonete d’interpréter quelques morceaux en introduction. C’est donc avec Kilariô, le premier morceau de son album, que s’ouvre le concert. Dès les premières notes, l’évidence s’impose : une grande claque musicale s’annonce ! Plus grave qu’il y a quatre décennies, la voix de Di Melo n’a rien perdu de sa souplesse et de son élégance, et l’accompagnement de Cotonete – le piano électrique de Florian Pellissier, les cuivres qui claquent – est totalement en osmose. La suite du programme, qui mêle classiques extrait de l’album de 1975 (extraordinaire A vida em seus métodos diz calma) et titres plus récents (dont des extraits du disque à venir), est une totale réussite, et même l’intervention de la chanteuse Gabi de Abade, qui permet à Di Melo de faire une courte pause, ne fait pas retomber la fièvre au sein d’un public qui mêle dans la même ferveur admirateurs ébahis d’entendre enfin ce répertoire en direct et curieux entrées par hasard (il s’agissait d’un concert gratuit). Après un final en beauté sur une version à rallonge de AEIOU, le premier single collaboratif entre Di Melo et Cotonete, apparemment un beau succès au Brésil, l’ensemble revient pour un rappel exigé par une petite centaine de spectateurs chauffés à blanc (indépendamment de la température déjà élevée de la salle), qui clôt le concert comme il avait commencé, par l’irrésistible Kilariô… Au vu de la prestation du jour, l’album commun à venir devrait valoir le déplacement, et il est probable que Di Melo ait l’occasion de se faire entendre à nouveau sur les scènes françaises dans les prochains mois…

Frédéric Adrian