Théâtre de Beauvais, 22 mars 2024.

Cette soirée “Blues Revolution” de la 29^e édition du festival s’ouvre au son du Andy Taylor Group, un trio blues rock venu du nord de l’Écosse, très marqué par les années 1970 avec une approche évoquant Rory Gallagher ou Gary Moore. Un unique album sorti en 2020, mais le groupe a le courage de s’en tenir à ses propres compos qui mettent en valeur évidemment la guitare du trio, et aussi une rythmique (Dylan Pepper, batterie et Marcus Cordock, basse) souple et efficace, pour des titres dont certains figureront d’ailleurs sur un deuxième album à venir.

Les Londoniens Cinelli Brothers prennent la suite et on est à nouveau immédiatement frappé par le talent individuel et collectif du groupe. Les quatre membres (Marco Cinelli, chant, clavier et guitare ; Alessandro Cinelli, batterie et chant ; Tom Julian Jones, chant, guitare et harmonica ; Stephen Giry, chant, basse et guitare) sont tous d’excellents chanteurs et de superbes instrumentistes, ce qui leur permet de couvrir une variété de styles et d’influences complètement bluffantes, du gospel et blues originel à la soul sudiste et au funk en passant par le rock américain des ’70s et ’80s.

Et là encore, il est remarquable de n’entendre que des compos, en particulier issues du nouvel album “Almost Exactly…”, ce qui n’empêche pas le public présent pas forcément familier du répertoire d’adhérer avec enthousiasme à la prestation proposée. Et que de progrès depuis l’année dernière, avec un set mieux construit, plus fluide et qui tout en valorisant successivement chaque membre du groupe ne tombe plus dans un excès de démonstrations individuelles. Sans aucun doute, le moment fort de cette triple affiche, et l’ambiance monte encore d’un cran lorsque le guitariste Vincent Ardiet rejoint le groupe pour une jam blues à fort quotient de guitare(s) ! 

En conclusion, place à Crow Black Chicken, trio irlandais cette fois de heavy blues composé de Christy O’Hanlon (chant, guitare), Stephen McGrath (basse) et Gev Barrett (batterie). Musicalement, le groupe peut évoquer la formation initiale en trio de Gov’t Mule et, avec cinq albums au compteur, là encore peu ou pas de reprises. Crow Black Chicken propose un set lourd et musclé, plus proche finalement d’un certain hard rock eighties que du blues rock. Pas de quoi dissiper l’évidence : les Cinelli Brothers furent les grands vainqueurs de cette copieuse soirée.

Texte : Éric Heintz 
Photos © Thierry Wakx