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Live reports / 30.12.2019

Chicago Blues Festival, New Morning, Paris

2 décembre 2019.

Après Bagneux et le Méridien, c’était au tour du New Morning d’accueillir la tournée annuelle du Chicago Blues Festival. L’événement fêtant cette année ses 50 ans, il était logique qu’un autre fringant quinquagénaire, Soul Bag, s’y associe, et une partie de l’équipe était sur place pour échanger avec les lecteurs, évidemment fort présents dans le public, et tenter d’en conquérir des nouveaux.

En ouverture, Olivier Gotti, armé d’une Weissenborn et d’une tone bar, fait des infidélités au projet Black Boy avec lequel il tourne actuellement et offre au public trois bons quart d’heures de blues slidé, empruntant largement à ses propres disques. Visiblement heureux d’être de la fête, il gagne sans difficulté le pari d’une prestation en solo devant un public debout qui se laisse vite conquérir par son enthousiasme et son univers personnel. 

Le temps d’un court entracte, et l’équipe du Chicago Blues Festival au quasi-complet déboule sur scène : une rythmique d’habitués – Melvin Smith à la basse et Willie Hayes (prix évident de l’homme le mieux habillé de la soirée, par ailleurs) à la batterie – et trois solistes : Wayne Baker Brooks à la guitare, Maurice John Vaughn qui ouvre aux claviers et Russ Green à l’harmonica. Pas d’introduction, pas d’instrumental, Vaughn attaque directement dans le vif du sujet avec Traveling man puis I want to be your spy, extrait de son album Alligator de 1993, et passe ensuite à la guitare pour une reprise de Evil, emprunté à Howlin’ Wolf, sur lequel Boney Fields vient donner de la voix en invité surprise. Même s’il semble avoir un peu perdu au niveau du chant, Vaughn reste une valeur sûre : difficile de comprendre qu’il soit à ce point délaissé par les labels ! Rodé par plusieurs semaines de tournées, le groupe tourne à merveille, même si Russ Green occupe sans doute une place excessive et si quelques morceaux profiteraient d’un peu plus de respiration. C’est Green justement qui enchaîne pour trois morceaux, dont Going down South qu’il avait enregistré avec Eric Bibb sur son album “City Soul”. Chanteur limité, Green n’a pas tout à fait l’envergure d’un leader, mais ses prouesses à l’harmonica, sous influence Sugar Blue, avec les bons et mauvais côtés du genre, enchantent le public. 

Récidiviste des Chicago Blues Festival – les fidèles de la regretté Bagneux Blues Night se souviennent de sa prestation dans le cadre de l’édition 2001, où elle était accompagnée du groupe de Carl Weathersby –, Trudy Lynn est très attendue par le public. Visiblement souffrante, mais elle a suffisamment de métier pour faire passer ses évidentes limites vocales ponctuelles.  Après un shuffle assez basique, c’est sur sa version du Pitiful de Big Maybelle – pas exactement une reprise évidente ! – qu’elle fait le mieux la démonstration de ses talents d’interprètes, grâce à des ad libs inspirés…

C’est ensuite au tour de Wayne Baker Brooks de s’installer au centre. Aminci et élégamment relooké depuis ses premiers passages français, le fils de Lonnie Brooks est un leader naturel qui sait jouer avec le public. Si son Baby what you want me to do d’ouverture, avec appel à la participation des spectateurs, est un peu facile, son propre You make it easy, baby très West Side, tout en tension expressive, confirme son potentiel d’interprète, avec son intensité si bien contrôlée que même une promenade un peu prévisible dans la salle – jusqu’au verre de bière qui l’attendait au comptoir – ne la fait pas baisser. Le rappel Sweet home Chicago/Mojo working ne surprend pas grand monde, mais fait partie des rituels attendus par un public qui ne se fait pas prier pour s’époumoner à l’unisson, avec la satisfaction du bon moment partagé entre amateurs de blues – les occasions de se retrouver ne sont pas si nombreuses à Paris ces temps-ci… Une belle façon pour tous de fêter cinquante années d’histoire(s) partagée(s) entre le Chicago Blues Festival et Soul Bag !

Maurice John Vaughn
Russ Green
Melvin Smith
Wayne Baker Brooks
Wayne Baker Brooks, Willie Hayes
Trudy Lynn
Wayne Baker Brooks, Trudy Lynn, Boney Fields, Willie Hayes
Wayne Baker Brooks
Wayne Baker Brooks, Willie Hayes

Texte : Frédéric Adrian
Photos © J-M Rock’n’Blues
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