27 novembre 2023. 

Cinquante-troisième année pour la fameuse tournée et le public est toujours au rendez-vous, avec ce soir-là un New Morning bien rempli. Bonus sur cette étape parisienne, le French Blues All Stars en ouverture de soirée en profitait pour présenter son nouvel album et on retrouvait Stan Noubard-Pacha (guitare), Anthony Stelmaszack (guitare, basse, harmonica), Thibaut Chopin (basse, harmonica), Simon Boyer (batterie), Benoit Ribière (piano) et Youssef Remadna (chant, harmonica, guitare) qui nous ont proposés un répertoire de compos personnelles de qualité extraites en grande partie de ce “New Flesh”. On sent l’expérience et la maîtrise du sujet, entre Chicago blues fifties et touches sudistes Mississippi/Louisiane. Public convaincu et soirée parfaitement lancée !

Le Chicago Blues Festival propose cette année la chanteuse de Seattle Lady A, le chanteur-guitariste de Jackson, Mississippi, Dexter Allen et surtout en direct de Saint-Louis, Missouri, le chanteur-guitariste Marquise Knox venu avec son groupe (Matthew Lesch, guitare, Gus Thornton, basse, et Alfred Barnes, batterie), groupe qui accompagnera donc les trois vedettes du show sur l’ensemble de la soirée. Lady A connaît toutes les ficelles et en trois morceaux, bluesy, puis funky et une reprise pas indispensable de A change is gonna come, elle met la salle dans sa poche, piochant dans son expérience du gospel, pour faire chanter et taper dans ses mains un public, en partie assez jeune d’ailleurs, qui ne demande que ça. 

Trois morceaux, c’est que propose ensuite Dexter Allen, ex-guitariste de Bobby Rush et familier du Ground Zero Blues Club de Clarksdale. L’homme est plutôt bon chanteur et surtout un guitariste de qualité qui, ayant été longtemps accompagnateur, sait gérer ses solos pour faire monter la température. Malgré tout, devant la réaction positive d’un New Morning très chaud, il finit par s’enflammer un peu sur son blues final, descendant faire le tour de la salle pour un solo interminable.

Puis arrive Marquise Knox qui, dès son entrée en scène, fait monter de plusieurs crans le niveau, d’abord en illustrant ses qualités de chanteur et de danseur avant d’empoigner sa guitare, dont il jouera finalement assez peu, d’où l’intérêt de la présence de Matthew Lesch, très bon en rythmique. Marquise semble épaté par l’accueil qui lui est fait et démarre avec sa version du Walking the dog de Rufus Thomas. Ce n’est pas vraiment le Marquise Knox “urbain” proche parfois de B.B. King que l’on entendra ce soir, mais un artiste baigné dans la musique de la région d’origine de sa famille, Grenada et Clarksdale, Mississippi. Le set est ainsi très rythmique, alternant boogie, heavy blues à la Howlin’ Wolf et tout de même une version rallongée du Understand de B.B., sur fond d’une double rythmique de guitares emmenée par un batteur sérieux frappeur. 

Marquise apprécie énormément le retour positif du public et semble retrouver à Paris une ambiance qu’il compare, étonnée, à celle des clubs où il joue souvent dans le sud des États-Unis. L’heure tardive fait toutefois que certains spectateurs anticipent leurs retours en transport en commun, et l’ambiance retombe un peu pour la conclusion du set de Marquise qui confirme en tout cas ses talents de showman authentique bien ancré dans la tradition.

Texte : Éric Heintz
Photos © J-M Rock’n’Blues
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