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Live reports / 12.11.2013

Charles Bradley & the Extraordinaires (+ Kendra Morris)

Malgré un deuxième album plutôt décevant et une présence régulière sur les scènes parisiennes, c’est un Trianon fort bien rempli en cette veille de week-end prolongé qui attendait l’apparition de Charles Bradley.

Petite déception en arrivant : le stand de disques habituel des tournées des artistes Daptone et associés a disparu, remplacé par un stand de merchandising classique, avec les deux albums de Bradley et des t-shirts. Dommage pour ceux qui avaient pris l’habitude de ces occasions pour se ravitailler en disques (et notamment en singles, mal distribués par chez nous) des différents labels gravitant autour de la House of Soul de Brooklyn…

C’est Kendra Morris, la protégée du magazine Wax Poetics, qui ouvre la soirée, avec un court set d’une demi-heure composée de titres extraits de ses deux albums. Bien qu’elle évite étrangement les titres les plus reconnaissables de son récent disque de reprises (et notamment sa version du Shine on you crazy diamond de Pink Floyd), sa présence scénique – qui évoque par moments celle d’une Janis Joplin moderne – et son chant proche de celui d’Alice Russell parviennent à capter l’attention du public, même si la brièveté de son set empêche d’entrer totalement dans son univers.

Pas de surprise à attendre de Charles Bradley pour qui l’a déjà vu. Accompagné comme lors de ses dernières visites de ses Extraordinaires, le chanteur fait une entrée triomphale après deux titres instrumentaux bien joués et une des introductions emphatiques dont a le secret son clavier : le public l’acclame dès son apparition, avant même qu’il ait chanté une seule note.

C’est donc pour un public conquis d’avance que joue Bradley, et il faut bien avouer que cela a un impact sur sa performance : l’engagement et la sincérité parfois presque embarrassante dont il faisait preuve lors de ses premières venues en France ont laissé place à un cabotinage répétitif, à coup de déclarations d’amours à répétitions et de passages dansés autoparodiques. Bradley ira même jusqu’à quitter la scène après à peine plus de vingt minutes pour un changement de costume, laissant son orchestre meubler.

Musicalement aussi, l’intensité a baissé, faute à un répertoire orienté, logiquement, sur celui du dernier album, dont les chansons n’ont pas, et de loin, l’impact de celles du précédent. Le concert ne manque pas de bons moments, tels que la reprise du Heart of gold de Neil Young, mais le résultat est loin d’être aussi captivant sur la longueur qu’il l’était lors des tournées qui ont suivi la sortie du premier album. Cela n’empêche pas un public aux anges de réagir à chaque pas de danse et à approuver bruyamment les sermons – plutôt prévisibles, pour le coup – de Bradley. Si on peut se réjouir du succès qu’il rencontre, au vu de son histoire personnelle, il faut bien avouer qu’une bonne partie de ce qui faisait le charme de Charles Bradley n’est plus au rendez-vous de ses prestations actuelles.

Frédéric Adrian