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Chroniques / 19.09.2023

C.S. Armstrong, Come As You Are

Son ancrage blues n’est pas qu’un imposant tatouage reliant ses omoplates, c’est un feu ardent qui couve ou crépite dans chacune de ses interventions. Pas de panique si vous avez loupé les derniers épisodes des aventures de C.S. Armstrong, ce “Come As You Are”, troisième album en bonne et due forme, permet de faire le point. 

Réunis sous une même bannière, les cinq EP estampillés “Southwestern” prennent ainsi une autre dimension. Quatre titres bénéficient de nouvelles versions avec invités pertinents (trois rappeurs, une chanteuse), mais surtout le chanteur texan basé à LA enchaîne comme jamais. Si son habitude de couper abruptement ses chansons vers ou avant la balise des deux minutes génère encore quelques frustrations, cette volonté de concision attise ici un sentiment d’urgence omniprésent. 

Dès ce God’s son qui s’interroge, son chant écorché embrase les fêlures de son timbre et la patine burinée d’un groove rampant qui agrège soul et hip-hop, blues et gospel. Tantôt à fleur de peau, tantôt poussé dans ses retranchements éraillés, C.S. Armstrong fait figure d’ovni dont l’intensité vocale peut évoquer à la fois celles de Curtis Mayfield et d’Howlin’ Wolf. Quand ce n’est pas l’esprit de Bobby Bland qui, au gré d’une citation du fameux Ain’t no love, première carte de visite d’Armstrong en 2016, vient roder sur le renversant Lost in the city. Giclées d’orgue, sample d’un prêcheur en ébullition, ondulation dillaesque monumentale piquée de piano cabossé et un leader qui tutoie les anges. Chef-d’œuvre et apogée logé en plein cœur de l’album.

Juste avant avait retenti le non moins palpitant Soul survivor, traînant ses blessures, un pied dans le sable d’une église de fortune, l’autre sur les planches vermoulues d’un juke-joint. Difficile de maintenir ensuite une telle hauteur de flamme, mais il y a largement de quoi attiser le foyer. Attention, évident risque de brûlures. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Top Of The Boot
Sortie : 18 août 2023

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