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Live reports / 13.02.2020

Bruno Major + Eloise, Boule Noire, Paris

7 février 2020.

L’émotion est palpable quand Eloise annonce qu’il s’agit de la dernière date de la tournée, celle qui met fin à une aventure de deux années auprès de Bruno Major. Deux années ponctuées d’un paquet de dates sur plusieurs continents et d’un des meilleurs EP de 2019, “This Thing Called Living”. La jeune Londonienne aurait pu miser sur le bel écrin de groove concocté en studio par Major, mais elle peut aussi très bien s’en passer. Seule sur scène avec sa guitare, une belle Martin folk format trois-quarts, Eloise fait vibrer les quatre pièces de son court mais solide répertoire : Subside, TTCL, Left side, You, dear.

Brossage de cordes délicat, accords fleuris nourris au jazz, chant souple et habité qui joue malicieusement sur la musicalité des mots tout en tissant des mélodies captivantes. C’est subtil, doux et entêtant, joliment intense et dépourvu de tout superflu. D’autres auraient opté pour du remplissage de circonstance, Eloise illustre la pertinence d’une concision savamment dosée. Soit à peine plus d’une vingtaine de minutes dans laquelle se sont glissées Enough et Hangover, deux nouvelles compos qui laissent augurer d’un avenir radieux. 

Eloise

Les chansons ciselées sont aussi le credo du patron de la soirée. Col roulé noir sous perfecto noir sous Les Paul noire, Bruno Major prend sereinement les commandes du jeune trio qui l’accompagne, un équipage souple et précis, capable à la fois de retranscrire le groove léché du très recommandable “A Song For Every Moon” et d’en étendre le spectre en basculant dans des embardées jazz ou jazz funk. Quand Major s’envole en solo, aérien et inventif, c’est aussi pour soigner l’atterrissage, revenir en plein dans le groove, réinvestir la chanson, égrener doucement ses mots en leur offrant l’apport d’un phrasé complice du bout des doigts. D’emblée Fair-weather friend et Wouldn’t mean a thing illustrent ce haut niveau de maîtrise. Et puis Like someone in love (avec Chet Baker en tête) et plus loin un virevoltant Giant steps permettent des glissades en dehors d’un carcan millimétré qui peut parfois paraître un peu distant. Mais le trentenaire britannique met du liant et de l’humour en conversant entre les morceaux, partageant quelques sources d’inspiration et autres réflexions sur le songwriting.  

De son deuxième album qu’il vient tout juste de finaliser, on peut entendre ce soir les trois belles tranches déjà dévoilées sur les plateformes que sont Old fashioned, Tapestry et Nothing (cette dernière interprétée en solo), mais aussi l’inédit et tout aussi vibrant Old soul. Parmi les temps forts puisés dans son premier opus, citons le saisissant Just the same pour lequel Major investit le clavier, l’irrésistible pulsation d’Easily élégamment introduite par un florilège d’arabesques émanant de sa Gibson, et ce Second time chanté en duo avec l’arme secrète du groupe, Georgie Clifford, Néo-Zélandaise irradiante de talent, fraîchement recrutée par Major après lui avoir demandé d’ouvrir ses dates en Océanie. De l’art de bien s’entourer pour servir live un répertoire exigeant.  

Bruno Major
Bruno Major, Georgie Clifford
Georgie Clifford
Henry Guy
Slim Gabriel

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Cindy Voitus

Line-up :
Bruno Major (chant, guitare, clavier)
Georgie Clifford (clavier, chant)
Henry Guy (basse, clavier)
Slim Gabriel (batterie)

Boule NoireBruno MajorCindy VoitusEloiseGeorgie CliffordHenry GuyNicolas TeurnierSlim Gabriel