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Chroniques / 24.01.2024

Boney Fields, Just Give Me Some Mo’

Arrivé à l’âge de la maturité, ­Boney Fields publie son disque le plus personnel et, à bien des égards, le plus convaincant. Impacté de plein fouet par un confinement qui l’aura empêché d’exercer son métier et son activité favorite (faire danser son public), le trompettiste a profité du temps libre qui lui était imposé pour composer de nouveaux morceaux aussi introspectifs qu’enthousiasmants.

Solidement soutenu par un orchestre dont la cohésion, la précision et l’énergie sont conformes à son niveau d’exigence (bien aidé en cela par le directeur musical Hervé Samb et le producteur Sebastian Danchin, toujours prompt à valoriser les qualités idiosyncratiques des artistes avec lesquels il collabore), Fields, en grande forme, fait feu de tout bois, qu’il s’agisse de clamer de sa voix bourrue et pleine de tendresse son envie intacte d’en découdre (la chanson-titre), de rendre hommage à sa mère (le touchant shuffle Back in the day) ou à son ex-patron James Cotton (la super funky Cross my heart), de dévoiler ses angoisses (la ballade jazzy Something’s holding me qui démontre, si besoin était, que l’entertainer sait aussi émouvoir) ou sa colère (What is wrong with you).

Le programme contient son lot de surprises, telle The thrill is gone, coup de chapeau West Coast au compositeur originel Roy Hawkins, la caribéenne Lisa nimbée de cuivres ouatés et dont les piqûres de guitare évoquent l’ami perdu Lucky Peterson, ou le groove quasi électro du bouillant I know yes I know, futur cheval de bataille scénique. Ce disque est une célébration (le plaisir de jouer) doublée d’une fête (la force du collectif), à l’image des disques publiés par Verve ou Bullseye dans les années 1990, époque déjà lointaine où le blues bénéficiait encore d’écrins richement produits.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★
Label : Rock’n’Hall
Sortie : 13 octobre 2023

albumBoney Fields