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Live reports / 18.08.2021

Billy Cobham, New Morning, Paris

19 juillet 2021.

Figure majeure de l’histoire du jazz, tant pour sa copieuse discographie personnelle engagée il y a bientôt cinquante ans avec l’album “Spectrum” que pour son rôle d’accompagnateur ou de partenaire avec les plus grands – George Benson, John McLaughlin, George Duke et Miles Davis, entre autres ont fait appel à ses services, sans oublier Esther Phillips, Roberta Flack, Donny Hathaway, Roy Ayers, James Brown… –, Billy Cobham ne bénéficie pas tout à fait de la considération qui est accordée à certains de ses contemporains, peut-être parce que le style de jazz fusion qui l’a fait connaître n’est plus très à la mode. Cela ne l’empêche pas de remplir très confortablement, pour deux concerts le même soir, un New Morning qu’il connaît bien et où il a ses habitudes depuis, dit-il, « presque quarante ans » (de fait, c’est le 31 octobre 1981 qu’il y faisait ses débuts !). 

Résident en Suisse depuis les années 1980, il est habitué à jouer avec des musiciens européens, et c’est un trio de musiciens français qui ont tous déjà enregistré avec lui qui l’accompagnent ce soir : le bassiste Fifi Chayeb, le guitariste Jean-Marie Ecay et le clavier Christophe Cravero, qui passera ponctuellement au violon. Tous trois sont des pointures habituées à l’univers de Cobham, et l’accord avec Cobham est naturel et évident, malgré quelques difficultés sans doute liées à l’absence de répétition. 

À 77 ans passés, le leader de son côté ne semble pas avoir envie de la jouer vétéran. Trônant derrière son spectaculaire instrument – une rangée de cinq toms, deux grosses caisses, cinq cymbales… –, il fait montre d’une virtuosité intacte et d’une impressionnante implication dans sa musique. Bien souvent les yeux fermés, son visage expressif grimace et se tord sous l’intensité des émotions qui semblent le traverser, quand bien même certains des morceaux sont à son répertoire depuis près de cinq décennies, au premier rang desquels les classiques issus de son premier album : le morceau titre, le monument Stratus – avec lequel Prince ouvrait son légendaire show au même endroit il y a quasiment onze ans jour pour jour – et, en rappel, l’irrésistible Red Baron

Le programme revisite également quelques disques plus récents, avec Mirage et Panama, tous deux issus d’albums des années 1990. Le jeu très technique de Cobham et de ses partenaires ne se fait pas au détriment de la musicalité, et le long solo de Cobham qui fait office d’introduction à Red Baron est une leçon en ce domaine. Avec une durée limitée à une heure pile pour cause de deuxième show dans la soirée, le concert est un peu frustrant, mais l’opportunité d’entendre en club un musicien de cette envergure légitime bien cette contrainte… Le genre de soirée qui justifie tout à fait l’appellation “All Star” de l’été du New Morning !

Texte et photos : Frédéric Adrian

Billy CobhamFrédéric AdrianNew Morning