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Live reports / 01.12.2010

BENOIT BLUE BOY – RAOUL FICEL – STAN NOUBARD-PACHA

Aucun conseiller en marketing aurait oser proposer à Denis Leblond de lancer un nouvel label discographique en 2010. Encore moins de le faire avec trois albums de blues. Denis Leblond n’a donc eu besoin de personne pour prendre cette décision. Il semble pourtant en possession de toutes ses facultés. D’ailleurs, il n’a rien d’un débutant dans le métier, son agence Tempo Concerts s’occupe depuis fort longtemps des spectacles de Raùl Barboza, des Primitifs du Futur ou de Benoit Blue Boy. Il est aussi associé à l’organisation de Cognac Blues Passions ou MNOP. Autant dire, qu’il connaît bien la scène blues et, du coup, sa démarche prend du sens. Les trois artistes dont il a choisi de défendre les albums étaient à l’affiche du New Morning, le 1er décembre, pour un concert exceptionnel.
 

Stan Noubard-Pacha © Alain Jacquet

Cela devait faire drôle à Stan Noubard-Pacha de ne pas se mettre au service d’un leader, mais d’occuper le devant de la scène pour présenter ses propres compos. Avec humour et simplicité, il a confirmé l’excellence de son album avec des titres aussi marquants que Ready to go, Nasty ou Sonia’s strip tease. Sa technique et son feeling, jamais ostensibles, brillaient particulièrement sur les blues lents. Et lorsqu’il reprenait le The Stumble de Freddy King, la boucle était bouclée.


Raoul Ficel © Alain Jacquet
 

La carrière de Raoul Ficel n’a rien de monolithique, on l’a connu dans divers contextes, du blues band au théâtre, en passant par sa récente association avec Lenny Lafargue. Lequel a participé à son "dernier né", "Qui a tué Robert Johnson" (cf. SB 200, p. 76). Pourtant, le Bordelais venait à Paris sans Lenny, à la tête d’un nouveau groupe déjà  bien rodé. Sa musique y gagnait en personnalité, avec ce bienvenu cocktail entre textes sensibles ou drôles, mais toujours brillants (Tout seul, Des heures sup’…), et parties de guitare accrocheuses.


Benoit Blue Boy © Alain Jacquet
 

Benoit Blue Boy avait lui aussi un nouvel album à présenter, "Funky Aloo" (élogieusement chroniqué dans SB 200, p. 74). C’est en fait une version live du disque que Benoit a proposé, reprenant quasiment tous les titres du disque, soutenu par les irremplaçables Tortilleurs (Stan à la guitare, Thibaut Chopin à la basse et Fabrice Millerioux à la batterie), et quelques-uns des invités de l'album comme Backo Michaelian au frottoir, sa fille Lucille au chant et, venu spécialement pour l’occasion, Freddie Roulette.


Freddie Roulette © Alain Jacquet
 

Ceux qui l’ont déjà vu le savent, le maître de la lap steel guitare n’est un grand communicant, il ne lève guère les yeux de son instrument, mais ce qu’il en tire est tout simplement étonnant. Ces sons glissés, étirés, sortes d’arabesques sonores, apportent une chaleur toute particulière à l’univers de Benoit. Très impliqué musicalement tout au long du set, Freddie domina particulièrement l’incroyable Fous tes merdes à la poubelle (reprise sur le sampler de Soul Bag !). Mais les highlights instrumentaux abondèrent aussi de la part de Benoit, très en prolixe ce soir-là, et, comme toujours, de Stan. Ce n’est qu’en toute fin de concert et en rappel qu’on entendit le classique Descendre au café, suivi de quelques autres en rappel.


De g à dr : Lucile Mickaelian, Benoit, Stan, Freddie Roulette, Thibaut Chopin © Alain Jacquet
 

Un beau final à une vraie belle soirée, chaleureuse et festive.

Jacques Périn