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Live reports / 23.11.2017

Benjamin Booker

Rendez-vous était pris ce vendredi 10 novembre pour aller découvrir la transposition scénique de “Witness”, deuxième album aux enchevêtrements soul et rock signé Benjamin Booker (4 étoiles dans SB 229). À l'aube de ses 30 ans, ce musicien originaire de Virginie et qui a grandi en Floride s’est fait un nom en quelques années dans les circuits indie-rock, punk et blues alternatif. Inspirée par James Baldwin, étroitement liée au mouvement Black Lives Matter, sa chanson Witness qu'il interprète sur disque avec Mavis Staples a été nommée par le New York Times comme la bande-son parfaite du mouvement dénonçant les violences policières. Une fenêtre médiatique anecdotique pour l'Hexagone, puisque l'album n'a été que très peu relayé dans les médias musicaux français. Mais ça n'a pas empêché un public francilien intergénérationnel et motivé de se retrouver en cette veille de jour férié.

 

 

À 21 heures pile, c’est flanqué de trois musiciens (Mikki Itzigsohn à la basse, Matt Zuk à la guitare et Sam Hirschfelder aux baguettes) qu’il foule la scène de la petite salle du vingtième arrondissement parisien. Si on se doutait que l'ami Booker n'avait pas embarqué Madame Staples dans son étui de guitare, on espérait qu'il vienne avec un line-up plus proche de celui de son dernier album (claviers, cordes et chœurs compris, à l'image de certaines captations vidéo récentes visibles en ligne). Petite déception, donc, et sévère rappel de la fragile économie de l’industrie musicale.

 

 

Coté soul, on rend difficilement à quatre ce qu'une dizaine de personnes peuvent réaliser. De la soul, le set proposé ce soir-là n'en contenait que des bribes. Pour Motivation, Believe, Carry, Booker pose le plus souvent sa guitare afin de donner tout ce qu'il a dans l'interprétation. Un traitement assez brut, presque rêche qui fonctionne plutôt bien, même si on se plaît à imaginer les directions qu'auraient pris ces titres avec un orchestre étoffé.

 

 

 

Coté rock'n'roll, en revanche, Benjamin et ses acolytes s'en donnent à cœur joie. Des compos énergiques comme Right on you, All as well, Off the ground ou d'autres tirées de son premier album tel ce Violent shiver, finement théâtralisé afin d'amener la salle au bord du pogo général. L'ADN garage-punk est définitivement fixé dans le corps de Booker. Celui qui jusqu'à 16 ans n'écoutait quasiment que le gospel imposé par une éducation stricte est tout autant capable selon l'occasion de se fondre en convaincant chanteur de l’âme qu'en énergique trublion rock.

 

 

 

 

 

Malgré un concert d'une heure rappel compris et l'absence du titre phare Witness, tout le monde semble avoir passé un chouette moment. En tout cas on suivra volontiers le parcours et les futures venues de ce jeune mec talentueux dont le potentiel et l'intégrité ont clairement été visibles ce vendredi soir. Et de songer qu'il ait la bonne idée de revenir au grand complet, on prendrait presque déjà nos billets.

Jules do Mar
Photos © Wilfried Antoine Desveaux