;
Live reports / 25.03.2024

Angela Grey Quintet, Duc des Lombards, Paris

19 mars 2024.

Originaire de New York et installée en France depuis deux ans, Angela Grey s’est depuis fait une place sur les scènes des clubs et jam sessions à Paris et ailleurs. Ce soir, c’est au Duc des Lombards, où elle a déjà chanté plusieurs fois, qu’elle se produit avec son groupe régulier de jeunes pointures (Simon Chivallon au piano, Gustave Reichert à la guitare, Luca Fattorini à la contrebasse et Malte Arndal à la batterie) dans le cadre des soirées “Nouvelle Scène” en entrée libre. C’est donc un public nombreux qui vient découvrir ou retrouver la chanteuse – qui a déjà ses fans – pour trois sets d’une heure. 

Le format exigeant – il faut chanter trois heures ! – lui permet d’explorer largement un répertoire aux multiples facettes : standards (All of me, Night and day…), emprunts érudits chez Sinatra, Sarah Vaughan, les Beatles (le rarement repris You never give me your money), ou Nat King Cole, classiques du rhythm and blues (un excellent Backlash blues) et quelques compositions originales, parmi lesquelles le très beau I wish that I could love you less, à l’évident potentiel tubesque. Si Grey ne cache pas son goût pour le répertoire historique du jazz, dont elle loue la modernité, elle le traite avec son regard contemporain, s’appropriant avec finesse et une certaine ironie aussi bien le désespoir un peu caricatural de Don’t get around much anymore que les allusions salaces de The frim-fram sauce de Nat King Cole.

Sa voix acidulée mais racinienne, sans minauderie, évoque volontiers l’approche d’une Dinah Washington ou d’une Esther Phillips et s’adapte sans difficulté aux chansons qu’elle a choisies, qu’elles soient légères ou plus sérieuses, et ses accompagnateurs lui assurent un soutien à la hauteur, Gustave Reichert en particulier assumant élégamment l’influence de Grant Green et George Benson. 

L’ensemble, porté par le charisme et la présence scénique de la chanteuse, qui joue de l’humour pour impliquer son public, confirme tout le bien qu’avaient inspiré les premières traces musicales qu’elle a laissées, en attendant un premier album promis pour avril et accompagné d’un concert de sortie le 22 au même endroit. Aucun doute, il faudra compter sur Angela Grey… 

Texte et photos : Frédéric Adrian

Angela Greyconcert