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Chroniques / 25.08.2023

Alabama Mike, Stuff I’ve Been Through

Il suffit de lire les titres des chansons de ce nouveau disque d’Alabama Mike pour comprendre que l’homme est rempli de l’assurance de celui qui vit pleinement chaque instant, peut-être différemment de ce qui est généralement vu comme correct, mais qui n’en a pas moins des choses valables à dire. 

Les thèmes sont forts – tout ce que j’ai vécu, ce pays n’est pas rose, j’ai le droit d’être gros, je suis le roi de la basse-cour, ma femme est sur le sentier de la guerre –, entièrement composés par Mike et portés par sa voix particulièrement expressive. Il lui donne les inflexions requises pour raconter, conseiller, mettre en garde, entre humour et menace, avec charisme et autorité. De telles paroles méritent une belle musique et c’est ce que Kid Andersen a produit dans son studio Greaseland, avec un aréopage de cadors, Rusty Zinn, Anson Funderburgh, Jim Pugh, Jerry Jemmott, D’Mar Martin, Rick Estrin et d’autres encore, dont une section de cuivres et une de cordes.

C’est impressionnant dès le morceau-titre en ouverture où le son de la grande soul des années 1960 et 1970 est revitalisé, sudiste ici, mais plus nordiste sur le tendre Damage control, funky sur le revendicatif Fat shame Pt. 1, se durcissant parfois comme sur le soul rock Woman on the warpath. Qu’il soit plein pot ou intime, le son est partout énorme. Après la deuxième partie, pas forcément nécessaire, de Fat shame, deux titres enregistrés en public sont proposés, à partir de concerts en Californie et en Suisse, pour montrer que Mike sait aussi y faire en formation réduite sur scène. Entertainer ou prêcheur, il prend le contrôle du public.

Ça fait plaisir de constater que quand la volonté est là, même dans une petite structure indépendante, alors il est possible de publier ce qui sera sûrement un des meilleurs disques de l’année. 

Christophe Mourot

Note : ★★★★★ (Le Pied)
Label : Little Village
Sortie : 12 mai 2023

Alabama MikeChristophe MourotLittle VillageStuff I’ve Been Through