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Live reports / 06.11.2018

Adam Naas

Dehors, la nuit tombe. Dedans, les mots se lèvent. Nus, sans artifice. C'est par sa voix si singulière qu'Adam Naas ouvre grand la porte du Connexion Live de Toulouse. Une voix haut perchée, profonde et maîtrisée, découverte en début d'année dans “The Love Album”, premier enregistrement studio plus que convaincant (3 étoiles dans notre numéro 232). Frissons, chair de poule : les émotions attendues en ce soir d'Halloween sont bien là. Plus encore, car le timbre du chanteur et son spectre prennent étonnamment une autre dimension sur scène. Plus large, entre falsetto aérien et basses au bord de la rupture. Plus libre aussi, de pousser un cri, des cris, rappelant par moment Michael Jackson (oui, oui) à qui le Parisien de 26 ans emprunte également mocassin et mouvements de bassin. La seule excentricité qu'il s'accorde, car la timidité un rien candide d'Adam Naas, que l'on devine à fleur de peau, l'emportera souvent sur le lâcher prise. 

 


Adam Naas

 

 


Louis Guego 

 


Christelle Cannot

 

 

Marinière près du corps, l'artiste hésite encore à se jeter à l'eau. Il la boit même contraint et forcé entre deux morceaux, à son grand regret visiblement, préférant se cacher derrière une enceinte de retours plutôt que d'être vu en pareille situation. Mais rien ne semble joué ou factice. Adam Naas est ainsi fait. Coincé entre un physique de brindille et une chevelure broussailleuse. À la fois touchant, sincère, parfois maladroit comme avec ces petits rires d'enfants qu'il laisse échapper après quelques accords de guitare joués sans trop d'assurance. Pas besoin d'en faire trop de toute façon au milieu de cette électro pop en apesanteur, qui pose et impose des ambiances synthétiques (il y a du Prince dans Cherry lipstick) sans prendre toute la place. La soul ? C'est dans les textes et leur interprétation que cet amoureux de Nina Simone va la chercher. Il faut avoir le cœur bien accroché face à des thèmes qui remuent en profondeur : l'amour, ses tracas, la complexité de l'être. D'être tout simplement. Autant de bouillonnements intérieurs chez un jeune homme que le temps a déjà marqué, et qui marquera peut-être son temps.

Mathieu Bellisario
Photos © Frédéric David

 


Christelle Cannot, Adam Naas

 


Christelle Cannot