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Live reports / 18.09.2014

Raheem DeVaughn

Quatre ans que Raheem DeVaughn n'avait pas donné de concert à Paris. C'était à l'Élysée-Montmartre, à l'époque de son troisième album chez Jive. Coïncidence ou souci de continuité, c'est justement en puisant dans “The Love & War Masterpeace” qu'il entame son retour dans la capitale. À commencer par I don't care qui lui permet de jauger la température du club cosy du quai de Valmy. Le Bizz'Art est déjà chaud ; son groupe d'un soir aussi. Car DeVaughn n'est venu qu'avec son DJ (DJ Money) et son fidèle complice peintre Demont Pinder (qui, toile face au public, fait parler ses pinceaux de la première à la dernière note). Mais trois choristes (Malcolm Mazarin, Germany Gladys, Ulrich Kwasi), un clavier (Adrien Fromager), une guitare affûtée (Haïlé Dästa Jno-Baptiste) et une rythmique bien corsée en groove (Franck Boom et Stéphane Athus) répondent présents avec un aplomb remarquable, à l'écoute d'un leader qui va rapidement trouver ses marques. Sur Bulletproof, le Love King se permet de jouer avec le tempo pour jammer reggae, blues, jazz, avant une envolée house bien sentie.

 

 

 

Et son DJ n'est pas là pour jouer les doublures sonores écrasantes : il anime le show, donne la réplique au patron entre les morceaux, lance quelques titres de son premier album pour tester la connaissance des fans, initie une virée dans le R&B des nineties avec des extraits de classiques bien choisis. À entendre la salle reprendre le If I ever fall in love de Shai, l'impression de remplissage est vite oubliée, d'autant que DeVaughn et le groupe en profitent pour embrayer sur des chansons de près de dix ans d'âge : You, Believe et bien sûr Guess who loves you more.

 

 

 

Maintenant qu'il a repris son indépendance – sa casquette ne dit pas autre chose en arborant le logo en chiffres romains de son label 368 Music –, lui qui s'est fait sur les petites scènes du Maryland entend bien faire parler l'expérience. La voilure est certes réduite, mais pas son implication. En vrai et de près, son falsetto charmeur, en droite ligne des maîtres Marvin et Curtis, est un régal. Que ce soit pour souligner, bruitages à l'appui, les carences des caresses de B.O.B. (alias « Battery operated boyfriend ») ou entonner sa fameuse ode aux femmes (Woman). De la sensualité et du romantisme, son excellent “A Place Called Loveland” en a aussi revendre. Mais de ce dernier album en date, sortie il y a tout juste un an, nous n'aurons droit qu'à trois titres. Seul regret de la soirée, tempéré par de belles interprétations. Greatest love et son refrain façon “chopped and screwed”, Maker of love relevé par une guitare piquante, et surtout Ridiculous, superbe ballade ici en version dépouillée pour un effet maximum.

 

 

 

“Love Behind The Melody”, l'album best-seller, jusque-là peu sollicité, marquera des points en fin de partie grâce à Desire et l'imparable Customer en rappel. Avant que DeVaughn parle de sa fondation philanthropique (LoveLife) et que le public célèbre, en français, les 9 ans de son fils Rahmeer présent au balcon. Et le papa comblé de conclure, porté par le beatboxing de DJ Money, sur My peoples, un titre à contenu social qui remonte à 2002 (enregistré avec Jazzy Jeff). Chapeau au Bizz'Art d'avoir rendu possible la venue d'une telle pointure.

Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious

Prochainement au Bizz'Art : Algebra Blessett (26/9), The Foreign Exchange (30/9), Bilal (29/10). www.bizzartclub.com