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Live reports / 22.12.2023

Kindred The Family Soul, Bizz’Art, Paris, 2023

15 décembre 2023.

Longtemps habitué du Bizz’Art, le duo marital Kindred The Family Soul ne s’était pas produit à Paris depuis 5 ans, et le vingtième anniversaire de son premier album, “Surrender To Love”, était un bon prétexte pour l’accueillir à nouveau.

Si le Bizz’Art met un peu de temps à se remplir pendant que le DJ résident JP Mano fait monter la température, c’est une salle pas loin d’être complète qui fait un triomphe à Fatin Dantzler et Aja Graydon dès qu’ils entrent sur scène pour interpréter, justement, la chanson-titre de ce premier disque. Concert anniversaire oblige, c’est le répertoire de cet album qui est exploré le plus généreusement, avec le tube Far away, Stars et Rhythm of life, mais aussi des morceaux plus obscurs comme Meant to be, We et Contentment, traités en medley.

D’autres titres sont extraits des albums “In This Life Together” (le plus gros tube du groupe, Where would I be (The question)), “Love Has No Recession” et “Legacy Of Love”, et le dernier disque du groupe, “Auntie & Unc”, est représenté par deux chansons, Break it down et Over the moon, qui s’avèrent plus convaincantes en live que dans leurs versions enregistrées. Quelques reprises s’invitent également, comme le I want you écrit par Leon Ware pour Marvin Gaye et le Ain’t no woman like the one I got des Four Tops. Un invité surprise, le rappeur Edo. G – qui a été produit entre autres par Pete Rock et DJ Premier et a collaboré avec RZA, KRS-One, Common et Black Thought –, vient offrir un court passage hip-hop bienvenu, mais le registre global est celui de la neo soul telle qu’elle s’inventait à Philadelphie au début du millénaire, sous l’égide en particulier de Jill Scott, à qui ils doivent leur carrière discographique.

S’il peut s’appuyer sur un orchestre solide de collaborateurs réguliers, tous basés à Philadelphie, emmené par le bassiste Rhodney Miller avec le batteur Keith Simpson, le guitariste Stan Davis et le clavier Dennard Watson, c’est bien le duo conjugal – ils sont mariés depuis 25 ans, rappelle à plusieurs reprises Fatin Dantzler – qui constitue le centre du show, vocalement tout d’abord – et la qualité de leur chant partagé, poli par les années, rappelle les grands du format, d’Ashford & Simpson à Marvin Gaye/Tammi Terrell –, mais également au niveau du show, à l’humour très efficace, comme quand Dantzler, qui a eu 50 ans cette année, s’excuse de ne pas pouvoir descendre aussi bas que son épouse pour cause de problèmes de dos !

Bien entendu, le registre principal est l’amour, dans sa version conjugale : pas d’histoire de ruptures ou de tromperies chez Kindred, mais un éloge de la passion au long cours, avec ses hauts et ses bas, mise en scène avec naturel, comme lorsque Aja Graydon explique qu’ils sont désormais grands-parents. L’ensemble, en tout cas, est réjouissant, et il n’y a pas un temps mort dans l’heure et quart de concert d’un duo qui, s’il a maintenant plus de deux décennies d’activité à son actif, reste à découvrir par un plus large public. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot

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