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Hommages / 05.12.2022

Jean-Paul Amouroux (1943-2022)

Comme Jerry Lee Lewis en son temps, le jeune homme d’Aurillac (Cantal) se rebella contre son pensionnat religieux étouffant en y dévoyant l’harmonium de la chapelle. À 14 ans, il découvre les basses roulantes de Pete Johnson. Fin des hymnes : ce sera le jazz swing et le boogie. 

Il s’installe à Paris en 1966, ville magnétique pour de nombreux musiciens afro-américains, visiteurs ou exilés, dont les pianistes Memphis Slim, Sammy Price, Willie Mabon et des swingsters comme Lionel Hampton, Milt Buckner, Willie Dixon… Doué, privilégiant un son rond un peu ouaté, intransigeant, pointilleux quant à la préservation du genre – chez Amouroux, pas question de jouer un stride ou du ragtime –, il se positionne en gardien historique, tant en solo qu’accompagné  de toutes les variations orchestrales possibles, produisant ainsi une riche discographie (42 albums), surtout en concerts avec des invités prestigieux.

Jean-Paul Amouroux est sur tous les fronts dès qu’il s’agit de promouvoir et de défendre son art : 60 émissions de radio (1983-1985), France Inter, distingué par le Hot Club de France (Grand Prix 1989) et l’Académie du Jazz (1991). Ses qualités de directeur artistique transforment, le temps du festival qu’il a initié, la bourgade de Laroquebrou (950 habitants) en centre international du style, faisant découvrir de nombreux pianistes étrangers, jusqu’en Australie. Et toujours des rythmiques fidèles et connaisseuses : Stéphane Roger (dm), Gilles Chevaucherie (b) et bien d’autres. Sa collaboration au coffret Albert Ammons est magistrale (chronique ici). 

Il nous restera comme le “croisé” du boogie-woogie originel en France, suscitant des vocations. Être estampillé “Amouroux” par le maître valait renommée plutôt que ceinture dorée.

Texte et photos : André Hobus

André HobusJean-Paul Amouroux