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Live reports / 01.11.2019

Jazz sur son 31, édition 2019, Toulouse

Octobre 2019.

Comme chaque année, une fois l’automne effeuillé, le festival Jazz sur son 31 est venu colorer la ville rose et ses communes voisines de notes blanches et noires.

Une dizaine de jours, et quasiment autant de concerts programmés au cours de cette 33e édition qui aura peut-être manqué d’un peu de soul, mais certainement pas d’âme ni de cœur. À commencer par celui de Hugh Coltman dont l’élégance et le charme britanniques auront rempli deux soirs durant, les fauteuils de la salle Odyssud à Blagnac. Un joli spectacle sublimement mis en scène avec des jeux de lumières dansants. Aussi plaisant à regarder qu’à écouter, tant les morceaux tirés de “Who’s Happy?”, dernier album du crooner au français plus que parfait, se transposent aisément du studio à la scène. Un voyage inspiré de compositions de La Nouvelle-Orléans où se mêlent tango, jazz et blues, entre rythmes chaloupés et cuivres radieux. Petite ‘“surprise” (elle était annoncée) : la présence du trop rare Ben l’Oncle Soul, venu poser son timbre unique sur quelques partitions, dont le Daydream de The Lovin’ Spoonful.

Hugh Coltman
Hugh Coltman, Gaël Rakotondrabe
Ben l’Oncle Soul, Hugh Coltman

Autre soir, autre ambiance. Plus folle et moins sous contrôle. Encore qu’il aura fallu attendre les ultimes minutes du set pour voir la foule se lever au son du Hammond B-3 de Delvon Lamarr, venu dynamiter dans sa formation trio une nuit bien trop tranquille sous la toile du pavillon république. Comme c’est l’usage, Concussion a lancé les hostilités, habilement maquillées de soul et de jazz avec, dans la foulée, de petits rappels d’un passé pas si lointain (le Move on up de Curtis Mayfield) pour accompagner une setlist largement nourrie de compositions originales. Mention (très) spéciale au doux-dingue Jimmy James, sorte de Jimi Hendrix débonnaire, des yeux ronds comme des billes qu’il a ouverts en grand sur chacun de ses solos, joués tantôt d’une main, tantôt d’une rangée de dents.

Delvon Lamarr
Jimmy James

Dernier temps (pas très fort), le métissage musical peu inspiré d’Abraham Inc. Sur le papier, de bonnes intentions : réunir trois artistes incontournables venus d’horizons divers. David Krakauer, clarinettiste artisan du renouveau de la musique klezmer, SoCalled, savant-fou canadien évadé du hip-hop et Fred Wesley, qu’on ne présente plus. Au final, pas mal de virtuosité, mais aussi beaucoup d’entre-deux puisqu’aucun style ne réussit à s’affirmer, quand le funk, composante majeure du combo multiculturel, a oublié de respecter les fondamentaux édictés par le Godfather. Peut-être est-ce dû en grande partie à la petite forme de Fred Wesley, peu inspiré dans ses chorus et souvent retiré dans les loges. 

Texte : Mathieu Bellisario
Photos © Frédéric David

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