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Hommages / 21.11.2021

Ils nous quittent : Denis Leblond, Evette Benton, Ruben Rodriguez, Ed Wolfrum…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment.

Denis Leblond (1961-2021)

Derrière toute carrière réussie, il y a un manager de talent, et derrière le parcours unique d’un Benoit Blue Boy, il y avait depuis plus de trente ans Denis Leblond. Benoît Blue Boy a déjà deux décennies de carrière et plusieurs albums à son actif quand il signe avec le label La Lichère, pour lequel travaille Denis Leblond qui a en charge les tournées des artistes du label. En 1994, il fonde sa propre agence de tournée, Tempo, avec un riche catalogue qui dépasse le blues : Benoit Blue Boy bien sûr, mais aussi, au fil des années, des musiciens comme U.P. Wilson, Keith Dunn, Eddie Bo ou Lazy Lester, ainsi que, dans d’autres registres, Les Primitifs du Futur, Raul Barboza ou John Greaves. Un label du même nom, sur lequel Benoît Blue Boy publie plusieurs de ses disques, vient ensuite s’ajouter au projet.
Photo © DR

Evette Benton (1953-2021)

Bien que sa voix se soit fait entendre sur des centaines de disques, y compris quelques-uns des plus grands classiques de la soul des années 1970, le nom d’Evette Benton n’est connu que des lecteurs invétérés de notes de pochette, d’autant qu’elle ne semble pas avoir enregistré sous son nom.

Née à Camden dans le New Jersey, Evette Benton chante dès son plus âge dans différentes chorales de la ville, bien souvent avec son amie d’enfance Carla Benson. Alors qu’elle a engagé des études universitaires pour devenir enseignante spécialisée en direction des enfants en situation de handicap – un métier qu’elle exercera par intermittence, en parallèle avec sa carrière musicale –, elle monte un trio vocal avec Benson et la cousine de celle-ci, Barbara Ingram. Repérées au début des années 1970 par le producteur Thom Bell, elles deviennent rapidement des habituées des studios de Philadelphie, et notamment de Sigma Sounds, le studio de Gamble & Huff. Elles y gagnent vite le surnom de Sweethearts of Sigma, abrégé par Patti LaBelle en “Sweeties”.

Tout au long de la décennie 1970, elles apparaissent sur différents albums publiés par les principaux labels de la ville, dont Salsoul et Philadelphia International Records, mais aussi sur des disques enregistrés, pour Atlantic et Epic en particulier, par des artistes venus profiter du Philly Sound alors en vogue et dont elles sont une composante essentielle. Au fil des années, elles enregistrent ainsi aux côtés de Barbara Mason, Teddy Pendergrass, Spinners, Dionne Warwick, Lou Rawls, Billy Paul, Patti LaBelle, les Stylistics, Major Harris, MacFadden & Whitehead, Joe Simon, Jerry Butler, Grace Jones, Gloria Gaynor, Dee Dee Bridgewater, Millie Jackson Johnny Mathis, Elton John, le MFSB, les O’Jays, le Salsoul Orchestra et bien d’autres, tout en tournant régulièrement aux côtés de Patti LaBelle et d’autres artistes.

Bien qu’elle ait essentiellement assuré un rôle de choriste, il lui est aussi arrivé d’être mise en avant en tant que soliste, en particulier avec le MFSB (Picnic in the park) et avec les Spinners (Games people play). Les opportunités musicales s’étant réduites dans les années 1990, elle avait repris une carrière au sein du secteur éducatif et scolaire de la ville de Philadelphie, assurant un rôle de responsabilité dans différents programmes à destination des enfants en bas âge.

Ruben Rodriguez (1953-2021)

Originaire de Brooklyn, Rodriguez rejoint Motown, en charge de la promotion locale, dès l’âge de 18 ans, travaillant notamment sur des disques de  Stevie Wonder, Diana Ross, Marvin Gaye et Smokey Robinson, avant d’être employé par Casablanca, Island, Columbia et Elektra, accompagnant la carrière d’artistes aussi divers que Cameo, Parliament, Funkadelic et Anita Baker. Dans les années 1990, il monte son propre label, Pendulum, pour lequel enregistrent notamment Meli’sa Morgan et le groupe hip-hop Digable Planets. 

Ed Wolfrum (19??-2021)

Originaire de Détroit, Ed Wolfrum commence à travailler comme technicien dans les stations de radio locales dès son adolescence, avant de faire ses débuts d’ingénieur du son dans les différents studios de la ville, de  Motown à Golden World, en passant par United Sound Studios, Terra Shirma et bien d’autres. Auteur d’innovations techniques majeures (comme la “direct box”, qui permet d’enregistrer la guitare sans micro ni ampli), il a participé à des séances pour des artistes basés à Détroit comme Mattie Moss Clark, Edwin Starr, JJ Barnes, les Parliaments, les Detroit Emeralds, Stevie Wonder, Marvin Gaye, Martha and the Vandellas, Kim Weston ou les Supremes, mais aussi, à partir des années 1970, pour des artistes Stax venus profiter des studios de Détroit comme Isaac Hayes, Johnny Taylor, David Porter ou Margie Joseph. Il a notamment participé aux albums innovants “What’s Going On” et “Hot Buttered Soul“. 

Pat Martino (1944-2021)

Au cours d’une carrière perturbée par de graves problèmes de santé – il a dû intégralement réapprendre son instrument dans les années 1980 suite à une attaque –, le guitariste Pat Martino a notamment enregistré avec Lloyd Price, Willis Jackson, Charles Earland, Richard « Groove » Holmes, Jack McDuff, Don Patterson… Il a également mené une carrière personnelle prolifique, entre soul jazz et fusion. 

Tommy Peters (19??-2021)

Homme d’affaires originaire de Memphis et supporters de la scène musicale locale, Tommy Peters avait largement contribué à la revitalisation de Beale Street en ouvrant au début des années 1990 le premier B.B. King’s, qui se développera ensuite dans différentes villes. Il a également ouvert d’autres clubs à Memphis, dont Itta Bena qui tenait son nom de la ville natale de King. 

Benjamin L. Bynum Sr (1923-2021)

Figure marquante de la vie nocturne de Philadelphie, Benjamin L. Bynum Sr a dirigé au cours d’une carrière qui ne s’est interrompue qu’à son décès de nombreux bars et clubs dans toute la ville. Le plus marquant est le Cadillac Club, ouvert en 1965 et qui a accueilli, jusqu’à sa transformation en discothèque en 1977, le meilleur de l’industrie du divertissement afro-américain, de Nina Simone à B.B. King en passant par Redd Foxx, Kenny Gamble, Count Basie, Gladys Knight, Fats Domino, George Benson, les Stylistics, et Aretha Franklin. Billy Paul y a d’ailleurs gravé son premier album paru en 1968, “Feelin’ Good at The Cadillac Club”.

Mick Rock (1948-2021)

Photographe star de la scène rock des années 1970, connu en particulier pour son travail avec Lou Reed et David Bowie, Mick Rock avait également contribué des images marquantes aux pochettes de disques de Rory Gallagher (“Live! In Europe“), Johnny Winter, Angela Bofill, Joe Tex, Wilson Pickett, Sir Mack Rice… 

Lois Andrews (1952-2021)

Habituée des parades et rare femme à jouer le rôle de Grand Marshall dans les processions funéraires, Lois Andrews était une figure majeure de la scène brass band de La Nouvelle-Orléans. Fille du chanteur Jessie Hill, petite-fille du guitariste Walter Nelson, plusieurs de ses enfants sont devenus musiciens, les plus connus étant le trompettiste James Andrews et le tromboniste Troy “Trombone Shorty” Andrews. 

Textes : Frédéric Adrian

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