Dylan Triplett & The Simi Brothers, Blues sur Seine 2023
05.12.2023
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24 janvier 2020.
Soirée évènement : après s’être imposé en quelques années sur le circuit des concerts et des festivals grâce à ses shows spectaculaires, Guts décide de refermer la page du live engagée dans la foulée de la sortie de l’album “Hip Hop After All” (Heavenly Sweetness, 2014), qui lui avait permis de se faire remarquer d’un plus large public, pour se concentrer à nouveau sur ses DJ sets, et ce concert à l’Elysée Montmartre – qui fait salle comble pour l’occasion – est censé être son dernier…
En ouverture de soirée, c’est la DJ Mambo Chick qui officie aux platines pour un set qui, dans l’esprit du dernier disque de Guts, se ballade tranquillement entre Afrique, Brésil et Caraïbes, avec une sélection à l’efficacité redoutable qui met régulièrement en échec l’algorithme de Shazam. Pas de snobisme cependant ou de volonté d’obscurité : Mambo Chick, qui ne mixe que du vinyle, affiche fièrement les pochettes des disques qu’elle passe, et la petite heure dont elle dispose pour chauffer les lieux est vite passée.
Le temps d’une courte pause et les lumières de la salle s’éteignent, sans que celles de la scène ne s’allument. C’est en effet dans l’obscurité que débute la soirée, Guts expliquant ensuite qu’il a voulu piéger ceux qui souhaitaient filmer le début du show. Quand la scène s’illumine enfin c’est sur un plateau presque aussi rempli que la salle : aux Akaras de Scoville, groupe de scène actuel de Guts (avec le batteur et percussionniste Cyril Atef), s’ajoutent en effet les membres de ses précédents orchestres, emmenés par l’incontournable Florian Pellissier aux claviers, ainsi que, tout au long de la soirée, différents invités associés aux étapes de la carrière de Guts.
Pendant deux heures et demi, c’est un voyage au fil des six albums personnels publiés par celui-ci qu’est convié le public, avec des titres extraits du dernier disque, “Philantropiques”, mais aussi les tubes et les classiques plus anciens, de l’inévitable Want it back, accueilli par des cris de joies par le public, à l’irrésistible Brand new revolution, en passant par une reprise du Peace gone away d’Experience Unlimited. Si la première heure fait une large place aux influences africaines et carribéennes – avec la participation d’invités comme le chanteur d’origine camerounaise Pat Kalla, le saxophoniste Jowee Omicil (particulièrement brillant sur Li Dous Konsa) ou le duo DjeuhDjoah & Lieutenant Nicholson, la suite prend une coloration hip-hop avec l’arrivée du duo américain Tanya Morgan pour une série de titres dans ce registre, tandis que le chanteur et trompettiste Leron Thomas vient rejoindre l’excellente doublette cuivrée des Akaras (le saxophoniste Ben Abarbanel-Wolff, la spectaculaire tromboniste Adelaïde Songeons).
Chef de bande et chef d’orchestre, Guts dirige tout ce petit monde, et quitte régulièrement ses machines pour venir tenir le rôle d’ambianceur aux côtés de son chanteur habituel Wolfgang Valbrun (entendu aussi chez Ephemerals et Marvellous). Si l’émotion n’est jamais loin, par exemple quand il se remémore un concert de 1992 dans le même lieu avec Alliance Ethnik, l’ambiance est à la fête, et la soirée culmine sur une version à rallonge du classique Living is easy. Initialement bâti sur un sample du Summertime de Billy Stewart, le morceau est cette fois-ci partagé entre Leron Thomas et Wolfgang Valbrun, avant un rappel précipité par Guts sous la contrainte du couvre-feu de la scène. C’est donc sur l’hymne Man funk que se clôt en beauté la soirée et – théoriquement – la carrière de Guts en tant qu’artiste live… Les plus courageux vont poursuivre la soirée à l’after, prévue à la Bellevilloise, le reste du monde se contentera de suivre la suite des aventures de Guts sur disque et à l’occasion de ses DJ sets réguliers… en attendant qu’un bon prétexte se présente pour qu’il remonte sur scène !
Texte : Frédéric Adrian