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Live reports / 31.10.2023

Eddie 9V, Jazz Club Étoile + L’Odéon

Paris le 19 octobre et Tremblay-en-France le 21. 

En cette mi-octobre 2023, la très attendue première tournée française du phénomène soul blues d’Atlanta était un sujet majeur de curiosité.

Après une petite alerte sur la date nantaise (problème de son, problème du groupe ?), les trois concerts franciliens successifs au Jazz Club Étoile (Paris), à Paul B (Massy) et à l’Odéon (Tremblay-en-France) allaient donc permettre de se faire une idée précise du potentiel d’Eddie 9V. Revenons donc plus particulièrement sur le concert, format club en deux sets, du 19 au Jazz Club Étoile, puisque les plus de deux heures passées en compagnie du groupe ne pouvaient mentir.

Première constatation, le garçon est un hyperactif, il arpente la scène en tous sens, va voir le clavier ou le batteur pour lancer un solo ou initier un break de batterie, revient presque en courant à son micro pour chanter avant de lancer quelques notes de guitare ravageuses. Il attaque le show par le premier titre de son dernier album Beg borrow and steal et enchaîne avec un ancien titre, single de 2020, The come up. Deuxième évidence, Eddie 9V est un sacré chanteur, soul en diable, et il nous le confirme avec Tryin’ to get by écrit, dit-il, en hommage à Syl Johnson, suivi d’un Lo-fi love dans le même esprit. Le blues est bien là lui aussi avec Travelin’ man, style Albert King période Stax, ou encore une reprise de Ain’t nobody’s business dans la version de Freddie King et celle de Miss James de Howlin’ Wolf. 

Troisième point, le jeune homme est un sacré guitariste, passionné et expressif, branché en direct sur son petit ampli Fender, et jouant avec les potentiomètres de sa guitare pour moduler au mieux les effets désirés. Et puis, il connaît la musique du sud des États-Unis sur le bout des doigts, d’Atlanta au Texas, de Macon, Géorgie, à New Orleans en passant par Memphis, il est, comme Duane Betts ou Marcus King, de cette nouvelle génération qui comprend et respecte l’héritage de ses prédécesseurs et maîtres soul et blues. 

Lane Kelly, Eddie 9V, David Green, Chad Mason © Fouadoulicious
Lane Kelly, Eddie 9V, David Green © Fouadoulicious

La Nouvelle-Orléans, ce sera une version bien groovy de Yella alligator du dernier album, mais aussi une chouette reprise du Street people de Bobby Charles en 1972. Mais tout est loin d’être dit, car Eddie 9V n’est pas qu’un catalogue d’influences et de reprises, il est aussi, avec son frère Lane Kelly présent à la basse, un sacré auteur-compositeur et les meilleurs moments de ces deux sets sont peut-être ses propres chansons, Little black flies ou 3AM in Chicago, par exemple, qui vous restent dans la tête définitivement au point de vous faire ressortir les disques à peine rentré pour les réécouter.

Mention bien aussi au clavier Chad Mason et au batteur David Green qui tout deux connaissent bien leur phénomène de patron et parviennent à suivre ses indications et gesticulations, chaque morceau comportant visiblement une part d’improvisation initiée par leur leader ! Gros succès public dans un Jazz Club bien rempli par un public mélangé, touristes, amateurs avertis, et représentants de la presse musicale venus en curieux, et tous repartis convaincus.

Eddie 9V, Lane Kelly, Chad Mason © Fouadoulicious
Eddie 9V, Chad Mason © Fouadoulicious
David Green, Lane Kelly, Eddie 9V © Fouadoulicious
David Green © Fouadoulicious

Deux jours plus tard, le Théâtre de l’Odéon accueille à Tremblay-en-France une sacrée double affiche avec The Cinelli Brothers et Eddie 9V, comme la veille à Massy avec de très bons retours.

Ce sont les Cinelli Brothers qui ouvrent et vont jouer une bonne heure et quart, peut-être d’ailleurs trop longtemps comme le montre la suite. Le groupe est efficace et spectaculaire, il sait capter l’intérêt du public, avec un côté caméléon qui peut aussi dérouter, tant par le répertoire proposé (du gospel au boogie blues en passant par la soul et des solos de guitare seventies) que des perpétuels changements d’instruments, chacun des musiciens étant visiblement capable de tenir tous les postes dans le groupe. La force est dans les vocaux, Marco Cinelli est un excellent chanteur, mais ses trois comparses ne sont pas mauvais non plus comme constaté sur les premiers morceaux du concert, aux accents gospelisants. 

The Cinelli Brothers
Alessandro Cinelli, Tom Julian-Jones, Stephen Giry, Marco Cinelli © J-M Rock’n’Blues
Tom Julian-Jones, Marco Cinelli © J-M Rock’n’Blues
Tom Julian-Jones, Marco Cinelli, Stephen Giry © J-M Rock’n’Blues

Eddie 9V doit penser qu’il a assez attendu et monte sur scène pendant l’entracte, les musiciens fignolent les derniers branchements… et le groupe commence à jouer alors qu’une majorité du public est encore au bar et que les lumières de la salle sont toujours allumées !

Peu importe, tout le monde regagne vite sa place et Eddie 9V propose 45 minutes de show du même niveau que les deux jours précédents, avec un passage sur scène de membres des Cinelli Brothers pour un boogie endiablé, puis c’est déjà le rappel, deux titres et Eddie surprend en concluant comme le jeudi avec le superbe classique de Stevie Winwood pour l’unique album de Blind Faith, Can’t find my way home dans une version très soul. En tout cas, un public (un peu clairsemé ce soir) convaincu par les deux groupes, et un Eddie qui promet un retour en France dès 2024 !

Texte : Éric Heintz
Photos © Fouadoulicious et J-M Rock’n’Blues

Dave Mason, David Green, Eddie 9V, Lane Kelly © J-M Rock’n’Blues
Eddie 9V © J-M Rock’n’Blues
Dave Mason © J-M Rock’n’Blues
Lane Kelly © J-M Rock’n’Blues
David Green © J-M Rock’n’Blues
Eddie 9V © J-M Rock’n’Blues
Eddie 9V et les Cinelli Brothers
Eddie 9V, Stephen Giry © J-M Rock’n’Blues
© J-M Rock’n’Blues
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