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Live reports / 05.12.2023

Dylan Triplett & The Simi Brothers, Blues sur Seine 2023

Le Colombier, Magnanville, 15 novembre 2023.

Un excellent premier album en 2022 (“Who Is He?”, VizzTone, 4 étoiles dans SB 248), une tournée au Brésil l’été dernier, des programmations lors de la Legendary Rhythm & Blues Cruise et sur la scène principale du King Biscuit Time Festival à Helena en Arkansas… L’étape suivante pour Dylan Triplett, c’était la première tournée européenne. Voilà qui est fait sous la bannière “New Blues Generation”. Les blues fans français étaient impatients de le découvrir, si bien que le Colombier à Magnanville était plein comme un œuf. Et disons-le tout de suite, le public n’a pas été déçu ! La performance du jeune chanteur (23 ans) de Saint-Louis fut éclatante.

Pour l’occasion, Dylan Triplett est curieusement accompagné d’un groupe de blues brésilien, les Simi Brothers, habitués à accompagner les bluesmen américains au Brésil. Il faut reconnaître qu’ils sont 100 % blues et parfaits pour mettre en évidence le chanteur et son vibrato caractéristique. Certes, ils n’ont pas la virtuosité de Kingfish Ingram et Sean McDonald qui sont invités aux guitares sur “Who Is He?”, mais le jeu de guitare des deux frères Nicolas et Danilo Simi ne manque pas de finesse. On retrouve ainsi vraiment le son et l’esprit du CD.

Le concert démarre sur les chapeaux de roue avec Barnyard blues. Suivent quatre autres titres de l’album, Dance of love, Who is he?, She felt too good et la ballade I’ll be there waiting. S’il fait froid dehors, la température monte vite dans la salle, Dylan Triplett ôtant sa veste colorée dès la fin du troisième morceau. Première incartade hors du CD avec une version personnelle et très bluesy du classique de Johnnie Taylor Last two dollars conclu presque a cappella, puis un moment plus intimiste où le chanteur et Nicolas Simi viennent s’assoir sur le bord de la scène pour interpréter un Hurt me so bad presque acoustique avec un volume sonore très bas. On apprécie alors le silence du public retenant son souffle. Mais Nicolas Simi casse une corde : le temps qu’il la change, Dylan Triplett entonne un gospel a cappella, I’m singing this song to you, Lord, sans micro mais avec des effets vocaux parfaitement maîtrisés et une gestuelle exubérante. On devine qu’il a dû beaucoup chanter à l’église dans sa jeunesse. Impressionnant. 

Dylan Triplett
Nicolas Simi
Dylan Triplett, Danilo Simi
Nicolas Simi, Pedro Leo, Dylan Triplett, Danilo Simi

Retour au blues et à l’album avec l’excellent Junkyard blues. Le groupe poursuit avec une version bluesy de It’s a man’s man’s man’s world de James Brown durant laquelle le guitariste Danilo Simi descend dans la salle, jouant un long solo au milieu du public. Feels good doin’ bad, le titre suivant, toujours extrait de “Who Is He?”, est une reprise d’un superbe morceau de Lonnie Brooks présent sur “Lone Star Shootout” de Lonnie Brooks, Long John Hunter, Phillip Walker et Ervin Charles sorti sur Alligator en 1999 et dont le bassiste était Larry Fulcher, producteur de l’album de Triplett. Les parties jouées à l’harmonica par Kaz Kazanoff sur l’album original sont ici jouées à la slide à la manière d’Elmore James par Nicolas Simi, ce qui dynamise encore plus ce morceau. Dylan Triplett descend alors à son tour dans la salle, prenant un bain de foule mérité. Tout le monde tape des mains et la fusion est telle qu’à la fin du morceau le groupe le reprend de plus belle ! Fin du set… mais le public en veut encore.

Pour le rappel, Dylan Triplett revient à James Brown, reprenant d’abord I feel good sur lequel il fait chanter la salle (qui ne se fait pas prier) et qu’il conclut par un grand écart. Le pantalon a tenu, il peut terminer avec Sex machine. Un set réjouissant d’une heure trente signé par une étoile montante du blues qui ne tardera sans doute pas à revenir en France.

Texte : Jocelyn Richez
Photos © J-M Rock’n’Blues
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Dylan Triplett
Nicolas Simi, Wellington Pagano, Dylan Triplett, Pedro Leo, Danilo Simi