;
Live reports / 08.12.2012

Chino & The Big Bet et Olivier Gotti

Cette troisième station de la saison blues à Tremblay n’avait rien d’un chemin de croix ! Olivier Gotti, après sa consécration au tremplin de Blues sur Seine en 2011 continue d’écumer les festivals et scènes blues de l’Hexagone. Il était donc logique qu’il passe par l’espace Jean-Roger Caussimon. Nous avons déjà souvent écrit à propos de diverses prestations ici ou là, l’effet de surprise ne joue donc plus. En revanche, le plaisir de retrouver ce musicien sincère et accompli est toujours intact. Il profite de la proximité avec un public attentif pour faire preuve de pédagogie, présentant sa belle guitare lap steel tout en résonance boisée ou en dressant le portrait de Blind Willie Johnson avant de l’interpréter. Robert Johnson est aussi au répertoire avec un Dust my broom dont il donnera deux versions, en début et en fin de concert. Même lorsqu’il s’éloigne de l’orthodoxie des douze mesures, Olivier Gotti trouve des accents bluesy, comme dans sa maintenant fameuse version de Billie Jean.

 


Olivier Gotti

 

Cédant à l’amicale pression de Michel Rémond, le programmateur avisé de ces lieux, j’étais donc venu découvrir ce Chino dont je n’avais entendu parler jusqu’à présent. Michel l’avait repéré au concert Terri’Thouars de nos amis de Blues & Co en avril dernier et avait aussitôt décidé de le signer pour Tremblay. J’ai appris ce soir-là que Chino était argentin et vivait à Barcelone, mais, surtout, j’ai découvert un leader et un groupe qui méritent une large reconnaissance. S’ils se distinguent d’entrée par une tenue recherchée – costards et cravates sont de mises –, c’est la musique qui déconcerte et surprend avant de convaincre et séduire. The Big Bet se compose d’un harmoniciste adepte de phrases aussi sinueuses que mélodieuses, d’un contrebassiste en osmose et d’un batteur capable de tenir les tempos les plus effrénés. Armé d’une Dobro électrique dont il joue avec des onglets, Chino a su élaborer un style personnel, enrichissant une base blues indiscutable de touches latines, manouches et hawaiiennes. Au niveau du répertoire, les emprunts à Robert Johnson (Dust my broom, They’re red hot) font bon ménage avec des classiques R&B comme Pink champagne ou Caldonia (une des versions les plus originales entendues depuis longtemps) ou des pièces plus personnelles (Hush…).  Le swing et la mélodie semblent être des préoccupations constantes de Chino comme de ses compagnons qui terminèrent en beauté le concert par un rappel au plus près du public, tous instruments débranchés.

 

Texte Jacques Périn

Photos © Miss Béa

 


Chino & The Big Bet