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Hommages / 11.04.2021

Big John Dickerson (1933-2021)

Doté dès l’adolescence d’une voix de basse remarquable, John Dickerson chante dans les rues de Sandusky dans l’Ohio, dont il est originaire. Après avoir appris la batterie, il monte avec quelques amis à la fin des années 1950 un groupe baptisé, sans grande originalité, The Fabulous Upsetters. En 1959, conduit par le père de Dickerson, le groupe se rend à Détroit pour auditionner pour Berry Gordy. Le rendez-vous n’aboutit pas, mais Dickerson, en profite pour rencontrer les futures vedettes du label. Lorsque le groupe de sépare, il continue à se produire en tant que batteur pour différents artistes, dont Jerry Butler, Bettye Swan et, selon la légende, Elvis Presley, à l’occasion d’un concert à Philadelphie en 1964.

Il rejoint également le trio de l’organiste Lonnie Woods, chantant sur leur 45-tours Shakin’ sugar, publié par Peacock au milieu des années 1960. Dans les années 1970, c’est dans un contexte jazz qu’il se produit régulièrement, croisant notamment la route de Jack McDuff. Lorsque le hasard des tournées l’amène à se produire à St Paul, dans le Minnesota, à la fin des années 1970, il tombe sous le charme de la ville et décide de s’y installer. Avec des musiciens locaux dont le bassiste Donnell “Papa D” Woodson et le saxophoniste Merlin “Bronco” Brunkow, il monte le groupe Down Right Tight, qui ne tarde pas à s’imposer sur les scènes locales.

Dans les années 1990, il crée le “house band” du club Famous Dave’s BBQ & Blues de Minneapolis avec des musiciens comme le guitariste Paul Mayasich. Baptisé Blue Chamber, le groupe publie un premier album autoproduit sous la houlette de Ron Levy en 1997 (“Big John Dickerson & Blue Chamber”), dont le répertoire de reprises reflète sans doute leurs prestations scéniques. Un second album suit deux ans plus tard, “Arms Of The Blues”, sur le trop éphémère label Cannonball Records. Si l’aventure discographique s’arrête là, le groupe, qui tourne en Europe à la fin des années 1990, reste une attraction scénique jusqu’à la fin des années 2000 au moins, se produisant notamment dans les festivals, tandis que Dickerson monte son propre groupe, le Big John Dickerson Band, au début des années 2000 et continue au moins jusqu’aux années 2010 à jouer régulièrement dans les clubs de St Paul et de Minneapolis, où sa polyvalence – de Louis Armstrong à Motown – et son sens de la scène faisaient merveille.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Star Tribune

Big John DickersonFrédéric Adrian