L’hécatombe continue et le mauvais sort semble s’acharner sur La Nouvelle-Orleans. Nous apprenons en effet la mort à l’âge de 81 ans le 6 septembre 2011 du producteur, arrangeur et chef d’orchestre Wardell Quezergue. Né le 12 mars 1930, il est élevé dans une famille au sein de laquelle son père et ses frères sont musiciens. Lui-même trompettiste, il s’intéresse aux arrangements dès ses études, et à la fin des années 1940, il est à bonne école car il se retrouve aux côtés de Dave Bartholomew, avant de partir servir durant la guerre de Corée. De retour en Louisiane, il forme les Royal Dukes of Rhythm puis Wardell and the Sultans, mais c’est avant tout comme producteur et arrangeur qu’il va mener une brillante carrière dans la sphère soul et R&B. Grâce à Bartholomew, il travaille comme arrangeur sur des plages de Fats Domino et Earl King, puis il est un des fondateurs en 1964 du label Nola, enregistrant des artistes comme Eddie Bo, Smokey Johnson (avec lequel il compose) et Willie Tee. Ses premières réussites en tant qu’arrangeur et producteur sont Big chief pour Professor Longhair, Barefootin’ pour Robert Parker, Teasin’ you pour Willie Tee, Iko Iko pour les Dixie Cups… Particulièrement inspiré, notamment en développant les cuivres et les cordes comme des symphonies, Quezergue façonne le son moderne des années 1960 à La Nouvelle-Orléans, dont l’influence s’exercera des décennies durant et lui vaudra le surnom de « Creole Beethoven ». Malgré ses talents, il n’est pas engagé par un gros label et obtient ses premiers vrais succès au début des années 1970 pour le label Malaco (notamment Groove me de King Floyd et Mr. big stuff de Jean Knight). Ensuite, on ne compte plus les collaborations fructueuses de Quezergue avec les plus grands, citons simplement Irma Thomas, Johnny Adams, Dorothy Moore, Dr. John, les Neville Brothers ou encore le bluesman Clarence « Gatemouth » Brown. Aveugle depuis 2005 et de santé fragile, Wardell Quezergue œuvrait encore comme arrangeur une semaine avant sa mort… Une grande perte de plus.