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Hommages / 16.04.2020

Walter Scott

Bien qu’intronisé en 2015 par le Chicago Blues Hall Of Fame, le guitariste “Sir” Walter Lee Scott jouait davantage à l’arrangeur-accompagnateur au sein de groupes et de formations soul blues qu’à la vedette en titre, même quand il était programmé au Legends. Tout son parcours musical en témoignait.

Walter Scott était le cadet d’une famille de dix enfants qui avait quitté Jackson, Mississippi, au début des années 1940. Cette fratrie aux liens forts, au point que ces membres s’identifiaient comme The Scott World, avait d’abord embrassé le style doo-wop comme Vee-Jay en produisait avant de se tourner vers les vedettes de southern soul ‘60s-‘70s diffusées sur les radios noires, WVON à Chicago, par exemple : Tyrone Davis, Johnny Taylor, The Chi Lites, O.V.Wright, Roberta Flack…

Soliste-rythmicien, Walter se produira en leur compagnie dans de nombreuses tournées du chitlin’ circuit. Sinon, il n’hésitait pas à aborder d’autres genres, nécessité oblige, entouré de frères, sous l’appellation The Scott Brothers/Buddy & Howard Scott/The Platinum Band ou au sein de Scotty & The Rib Tips, très influencés par le soul blues de Mighty Joe Young. En 1978, ils feront partie du troisième volume de l’anthologie “Living Chicago Blues” (Alligator) et pour les voir, il fallait s’enfoncer dans les ghettos du South et du West Sides, où leurs qualités très pros et leur sens de l’ambiance faisaient la joie des danseurs “shake” et “bump & grind” du samedi soir dans les tavernes locales : si Pepper’s était encore accessible en vigilance orange, pour atteindre le Turner’s Lounge (39e & Indiana), on restait sur ses gardes.

Leur esprit d’entreprise les avait fait tourner aussi vers la création de disquaires et bâtir un studio de répétition. Après tout, Otis Clay était bien propriétaire d’un salon lavoir. Walter Scott a été pro ou prou le mentor de ses neveux Kenneth “Hollywood” Scott et du bassiste Juwan Scott (actuellement derrière Joanna Connor). Joe et Nick Moss l’ont également intégré dans leur stylistique. Avec sa mort, c’est le symbole d’une culture noire spécifique qui disparaît.

Texte : André Hobus, avec l’aimable collaboration du producteur Dick Shurman.
Photos © Brigitte Charvolin

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