Take 6 au New Morning. Une valeur sûre s'il en est. L'intimité de l'incontournable scène parisienne sied à ravir à cette institution du chant a cappella. Alors elle y passe régulièrement et personne ne s'en plaindra.

L'imposant Alvin Chea déroule sa première ligne de contrebasse vocale et nous voilà en route pour le paradis, guidés par ses notes et celles des cinq autres messagers. Claude McKnight, Mark Kibble, Joel Kibble, Dave Thomas et Khristian Dentley (qui remplace à plein temps Cedric Dent). Des voix d'une richesse, d'une justesse et d'une complémentarité telles que l'on ne songe pas un instant à les départager. Si chacun a l'occasion de s'illustrer en soliste, ce n'est jamais au détriment d'un travail d'équipe époustouflant. Car Take 6, qui fête cette année les 25 ans de son premier album, est champion du dosage. Gospel et spirituals tiennent le haut du pavé, jazz et soul ne sont jamais loin, tandis que des embardées hip-hop pimentent le tout grâce à du beatboxing maîtrisé. Et puis il y a cette ensorcelante interprétation de Windmills of your mind, cette gestuelle bien sentie et cette bonne dose d'humour qui dessine nombre de sourires dans l'assistance.

Alvin Chea

Claude McKnight, Mark Kibble, Joel Kibble

Dave Thomas

Tour à tour, les chanteurs s'en donnent à cœur joie lors d'un medley qui passe en revue certaines de leurs influences respectives (Prince, Stevie Wonder ou encore un Michael Jackson ressuscité par un Krisitan Dentley drolatique). Surtout, les trouvailles harmoniques et les mises en place rythmiques ne cessent de nourrir l'attention. Du coup, l'ajout d'une boucle pré-enregistrée sur deux titres (One, le très bon dernier single en date, et un Sing a song en rappel) paraît bien incongru et ne fait que réduire l'impact d'une entité qui se suffit à elle-même.

Khristian Dentley

Joel Kibble

On a beau connaître les rouages parfaitement huilés de ce show à l'américaine, ils tournent sans jamais altérer le plaisir que procure un tel niveau de musicalité. À voir, à revoir et à faire connaître à quiconque souhaiterait goûter aux saveurs multiples de l'art vocal afro-américain.

Nicolas Teurnier

Photos © Fouadoulicious