Affluence des grands soirs, avec beaucoup de musiciens locaux, au Dynamo en ce vendredi du wee-kend de l’Ascension. Stagger Lee est le nouveau groupe rassemblé autour de Arnaud Fradin (g, vo) avec Thomas Troussier (hca), Max Genouel (g, vo), Miguel Hamoum (b) et Fabrice Bessouat (dm). Ça ressemble à un all-stars et l’attente est forte. L’information circule que le groupe a travaillé le son une bonne partie de l’après-midi et ça se confirme dès les premières notes. C’est à la fois puissant, distinct, clair, de quoi mettre en confiance un public qui attend qu’Arnaud Fradin se replonge profondément dans le blues. Il y a de la nostalgie pour les débuts de Malted Milk mais Arnaud est intelligent, il sait que ça ne servirait à rien de retourner dans le passé. Aussi le répertoire qu’il va jouer avec ses compères, et avec lesquels il l’a construit puisque chacun a suggéré des morceaux, est certes blues mais avec une grosse dose de R&B et de soul. Magic Sam, Otis Rush, Little Walter, Hound Dog Taylor, Eddie C. Campbell, Howlin’ Wolf, Bobby Bland, mais aussi Gary Primich, Jimmie Vaughan, ou Cyril Neville, le choix est cultivé.

Miguel Hamoum

Fabrice Bessouat

Il y a suffisamment de talent sur la scène pour que tout soit joué avec goût, sans esbroufe. On sent que le groupe a répété mais on voit régulièrement que les trois solistes, Arnaud, Max et Thomas ont préparé des surprises, pour enrichir un tableau déjà bien rempli, les regards et les sourires des autres tournés vers eux le prouvent. Tout ça est rendu possible par la souplesse de la section rythmique, Fabrice et Miguel ne perdant jamais le fil, et aussi par le travail rythmique des deux guitares ou de l’harmonica quand ce n’est pas leur tour d’être en avant. Max Genouel est particulièrement bon dans cet exercice et très prometteur en solo. Il chante également sur deux titres. Thomas est merveilleux à l’harmonica, personnel mais dans un cadre classique et surtout bluesy de bout en bout, sans aucun effet pyrotechnique.

Max Genouel

Thomas Troussier

Le point d’ancrage du groupe est Arnaud, leader au chant et à la guitare. Il y a de l’Albert King en lui, mais il a assez de talent pour être d’abord lui-même, avec des notes bluesy, tendues, des cordes bien tordues, jamais trop vite, jamais démonstratif, maître dans la tension-détente, dans la relance avec cette capacité à prolonger les solos sans répétition. C’est aussi un des meilleurs chanteurs français et il s’exprime efficacement au micro tout en chantant sur un ton plus bas que quand il est avec Malted Milk, ce qui nous prive du falsetto si plaisant qu’il utilise souvent avec ces derniers. Deux sets torrides, un premier rappel avec Laurence Le Baccon invitée au chant et Julien Dubois à la basse, puis deux autres titres et il a bien fallu que ça s’arrête. Retour à la maison en apesanteur.

Texte et photos : Christophe Mourot

Arnaud Fradin et Fabrice Bessouat

Fabrice Bessouat, Laurence Le Baccon, Julien Dubois