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Brèves / 01.04.2016

Soul Bag au National Recording Registry !

Les collections National Recording Registry (NRR) – Registre national des enregistrements –, sont conservées à la Bibliothèque du Congrès. En 2002, un bureau spécifique, le National Recording Preservation Board, a été créé pour assurer la préservation de ce patrimoine sonore des États-Unis. Tous les domaines de l’enregistrement sont concernés, y compris les chansons pour enfants, les chorales et chœurs ou encore les discours, mais les musiques populaires, et notamment afro-américaines, occupent bien entendu la plus large place. Dans notre cadre, on se souvient plus particulièrement de ces « envoyés spéciaux » dépêchés par la Bibliothèque du Congrès à partir de la fin des années 1920, afin d’enregistrer directement dans les régions rurales les représentants des différents genres musicaux traditionnels dits « folkloriques ». Sans ces enregistrements de terrain appelés field recordings et les travaux de ces ethnomusicologues– dont John Lomax et son fils Alan sont les plus connus –, nous n’aurions jamais eu accès à cette ressource documentaire historique absolument fondamentale. C’est dire l’importance du rôle du NRR, dont les plus vieux enregistrements conservés datent d’une période comprise entre 1853 et 1861. Ceci n’est pas anodin à plusieurs titres. D’abord, car leur auteur, Édouard-Léon Scott de Martinville, inventeur d’un appareil répondant au doux nom de phonautographe, était un typographe… français ! Et un beau jour de 1860, le sieur de Martinville est tout simplement devenu le premier homme à enregistrer le son de la voix humaine avec une chanson connue de tous, Au clair de la lune… Pour revenir à notre époque, après une première sélection de cinquante noms en 2002, le NRR introduit chaque année vingt-cinq nouveaux enregistrements. Inutile de préciser qu’il s’agit d’œuvres essentielles. Le 23 mars 2016, le NRR a donc communiqué la liste des entrants pour 2015. Dans les catégories qui nous concernent directement, on relève la présence du Wild cat blues de Clarence Williams (1923), du Statesboro blues de Blind Willie McTell (1928), du Mack the knife de Louis Armstrong et Bobby Darin (1956 et 1959), du Where did our love go des Supremes (1964), du People get ready des Impressions (1965), du Bogalusa boogie de Clifton Chenier (1976) et du I will survive de Gloria Gaynor (1978). Mais surtout, divine surprise, la prestigieuse institution a décidé d’honorer Soul Bag ! En effet, notre revue entre au NRR pour le CD gratuit qu’elle offre tous les deux numéros à ses abonnés. Selon les membres du bureau du NRR, « la revue française, créée en 1968, se distingue une nouvelle fois en offrant au grand public un panorama complet des meilleurs enregistrements actuels dans le secteur des musiques afro-américaines. Elle participe ainsi directement à la préservation de notre patrimoine culturel et mérite assurément pleinement cette distinction. » À Soul Bag, nous ne sommes pas peu fiers de cette reconnaissance qui récompense notre action. Et nous sommes heureux de représenter la France pour contribuer à la conservation de ce patrimoine, pour prendre en quelque sorte le relais de notre compatriote Édouard-Léon Scott de Martinville, qui avait donc ouvert la voie il y a maintenant plus de cent soixante ans.
Daniel Léon