;
Brèves / 23.07.2010

Phillip Walker s’en va

La nouvelle a commencé à rôder hier après-midi, avant de s’abattre, brutale, dans la soirée : Phillip Walker est mort tôt hier matin, visiblement d’une attaque cardiaque, à l’âge de 73 ans. Né le 11 février 1937 à Welsh en Louisiane de parents fermiers, il suit sa famille à Port Arthur, au Texas, ce qui le met rapidement au contact de plusieurs cultures. De nombreux membres de sa famille étant ou ayant été musiciens, il suit naturellement leur trace et fait preuve de précocité, apparaissant dès 1952 aux côtés du chanteur Roscoe Gordon. Il change toutefois radicalement de style l’année suivante en tenant la guitare aux côtés du grand Clifton Chenier. Les tournées s’enchaînent et Walker côtoie des artistes issus du zydeco, du blues et du R&B, tout en participant à des enregistrements. À l’instar de bon nombre de bluesmen d’origine louisianaise ou texane, il choisit alors de s’installer en Californie. Malgré son jeune âge, Walker bénéficie dès la fin des années 1950 d’une solide expérience, et nul doute qu’il forge dès cette époque son style unique et inimitable. Sa voix ne s’appuie pas sur la puissance mais elle est souple et expressive, alors que son jeu de guitare distingué et efficace, qui s’inspire certes de T-Bone Walker et autre Clarence « Gatemouth » Brown, a su garder les accents sudistes de sa terre d’origine. Il grave son premier album en 1973 (« The Bottom Of The Top » chez Playboy), puis « Someday You’ll Have These Blues » en 1976 (Joliet), collabore avec Percy Mayfield en 1982 (« Hit The Road Again » chez Timeless), puis il évoque un retrait possible de la scène. Mais suite à des drames familiaux (mort de son fils unique, maladie de sa femme), il poursuit sa carrière. Malgré son talent reconnu, Phillip Walker doit néanmoins attendre 1999 pour remporter un premier Award avec « Lonestar Shootout » (Alligator), qu’il partage avec Lonnie Brooks et Long John Hunter. Il en obtiendra un autre en 2007 avec « Going Back Home » (Delta Groove), qui restera donc son dernier CD, que j’avais d’ailleurs eu la chance de chroniquer dans le numéro 186 de Soul Bag. Il me ramène également à ses derniers concerts, jusqu’à Utrecht en Hollande ou plus près de nous à Vienne, m’inspirant toujours les mêmes termes pour désigner ce bluesman hors pair loin d’être estimé à sa juste valeur, classe et élégance.

Daniel Léon