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Brèves / 26.04.2020

Pas de soleil cet été

C’est désormais devenu une triste litanie : depuis le milieu du mois de mars, les annulations de festivals se succèdent, qu’il s’agisse des rendez-vous majeurs du printemps et de l’été – Jazz sous les Pommiers, Cognac, Cahors, Marciac, Vienne, Juan, Montreux… – ou d’événements plus modestes, au point que se présage désormais une saison estivale totalement dépourvue de moments musicaux festifs. Outre l’évidente frustration des amateurs – d’autant que l’échéance de réouverture des salles de concerts reste floue –, cette situation inédite et inattendue pose de graves problèmes pour l’ensemble de l’industrie du spectacle vivant, et singulièrement pour l’économie des musiques auxquelles est attaché Soul Bag. Depuis les années 1990 au moins, en effet, le circuit festivalier est une importante composante de son équilibre, pour les artistes français et internationaux, mais aussi pour les tourneurs qui jouent un rôle majeur dans la vivacité au quotidien de la scène des musiques afro-américaines.

À la date d’aujourd’hui, l’impact de la crise en cours à moyen et long terme est difficile à évaluer. Il dépendra largement de l’aide des pouvoirs publics, rarement favorables aux musiques “marginales”, en termes d’exposition médiatique, que sont le blues et la soul. Il faut néanmoins s’attendre à de sérieuses difficultés pour de nombreux événements, même bien installés, car ils reposent souvent sur des structures associatives dépourvues de fonds propres – les “gros” événements portés par des collectivités locales ou par des productions professionnelles ont sans doute moins à craindre, même si les priorités politiques risquent de ne pas leur être favorables dans les prochains mois. La politique des assurances – lorsqu’elles existent – aura également un impact sur la pérennité de certains rendez-vous. Pour bien des événements, le soutien du public, notamment financier, dans cette période difficile sera déterminant. Il est néanmoins raisonnable d’imaginer un paysage festivalier largement bousculé encore après l’été, et cela aura un impact évident sur l’ensemble de l’économie du secteur, qu’il s’agisse des professionnels ou des artistes.

Pour Soul Bag, la situation n’est pas simple non plus. Notre numéro 238 a pu être distribué correctement, aussi bien aux abonnés qu’aux maisons de la presse. Néanmoins, une bonne partie de notre réseau de vente au numéro est aujourd’hui fermé, et nous ne pouvons aujourd’hui estimer l’impact de cette situation sur les ventes du magazine. L’équipe du journal reste mobilisée aujourd’hui pour préparer le prochain numéro qui devrait sortir dans la périodicité habituelle, malgré un contexte économique défavorable. En effet, si le financement du magazine dépend majoritairement de ses lecteurs – par le biais des abonnements et des achats au numéro –, la publicité est indispensable à son équilibre. Les festivals étant traditionnellement les principaux annonceurs du numéro d’été, celui-ci sera sans doute déficitaire et obligera l’association éditrice, le CLARB, à puiser dans ses réserves. La situation restant tenable, nous ne souhaitons pas dans l’état actuel des choses lancer un appel aux dons – il y a bien des causes infiniment plus cruciales aujourd’hui –, mais rappelons, pour ceux de nos lecteurs qui souhaiteraient nous apporter un soutien, l’existence du “merchandising” officiel du magazine (soulbag.fr/categorie-produit/merch/), ainsi que la possibilité d’adhérer au CLARB (soulbag.fr/categorie-produit/adhesion/).

Frédéric Adrian
Président du CLARB

Photo © J-M Rock’n’Blues

CLARBFrédéric Adrian